Vingt-quatre soldats turcs ont été tués et 18 autres blessés tard mardi dans des attaques multiples de rebelles kurdes à la frontière irakienne, et l'armée turque est entrée en Irak pour pourchasser les assaillants jusque dans leurs bases arrières, a annoncé le Premier ministre turc.

Recep Tayyip Erdogan a confirmé au sortir d'une réunion d'urgence avec plusieurs de ses ministres et des responsables militaires que des troupes d'élite étaient entrées en territoire irakien pour pourchasser les assaillants «comme le permet le droit international».

Il a aussi fait état d'«opérations d'envergure» à la frontière irakienne contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

«Nous ne céderons jamais, que tout le monde le comprenne bien», a-t-il dit.

M. Erdogan, qui a annulé une visite au Kazakhstan, a ajouté que ces attaques ne changeront en rien la détermination de son gouvernement de régler l'épineux conflit kurde par des moyens démocratiques.

Les attaques simultanées de plusieurs groupes armés du PKK se sont produites dans huit points des localités de Cukurca et de Yüksekova, dans la province de Hakkari, selon une source de sécurité locale.

Selon les médias, plusieurs centaines de commandos turcs ont pénétré jusqu'à 4 kilomètres en Irak pour empêcher que les rebelles ne se replient vers leurs bases dans la montagne irakienne.

Le PKK a de son côté menacé la Turquie.

«L'armée turque sera frappée plus fort si elle essaie de mener des opérations militaires à l'extérieur des frontières turques», a déclaré mercredi à l'AFP un porte-parole du PKK, Ahmed Deniz, depuis le nord de l'Irak.

Selon lui, les affrontements entre rebelles et Turcs ont démarré la veille lorsque les militaires turcs ont tenté de passer la frontière irakienne pour les pourchasser. «Ce qui s'est produit n'était pas prévu par le PKK», a-t-il affirmé.

Le mouvement, qui a revendiqué les attaques meurtrières et déploré la mort de cinq de ses combattants, a affirmé qu'elles constituaient une riposte aux offensives turques visant ses rebelles, a rapporté l'agence pro-kurde Firat.

Elles sont une réponse à la répression du mouvement kurde en Turquie et aux bombardements de l'aviation turque visant les bases du PKK dans le nord de l'Irak, selon la même source.

Les chaînes de télévision turques ont affirmé que des unités ont été héliportées en territoire irakien afin de barrer la route des rebelles voulant s'enfuir plus avant en territoire irakien.

L'aviation turque a bombardé mercredi des bases arrière du PKK en Irak dans les régions de Qandil et de Zap, selon des sources de sécurité.

Il s'agit d'une des plus sanglantes attaques du PKK, qui a engagé en 1984 son combat pour la sécession de la partie kurde (est et sud-est) de la Turquie, depuis 1993, lorsque les rebelles avaient fusillé 33 soldats désarmés.

«Nous allons lutter jusqu'au bout contre le terrorisme», a déclaré le président Abdullah Gül, soulignant que la Turquie était «déterminée» à venir à bout du PKK, mouvement qui est qualifié de terroriste par bon nombre de pays.

Il a aussi promis de venger la mort des soldats.

Le PKK a multiplié considérablement ses attaques depuis l'été après une accalmie, prenant pour cible aussi des civils, et la Turquie a menacé d'intervenir militairement jusqu'en Irak.

Mardi, cinq policiers et quatre civils ont été tués dans une attaque attribuée aux rebelles à Bitlis (sud-est).

L'aviation turque bombarde régulièrement les caches du PKK dans la montagne irakienne mais les analystes soulignent la nécessité d'incursions terrestres pour nettoyer les bases arrière des rebelles.

La Turquie a mené plusieurs opérations d'envergure en Irak, où seraient retranchés quelque 2.000 rebelles, dont la dernière remonte à février 2008.