Trois ministres iraniens, ceux du Renseignement, de la Justice et de la Culture, figurent parmi les 29 personnes ciblées par les nouvelles sanctions de l'Union européenne pour violations des droits de l'Homme, a-t-on appris lundi de sources diplomatiques européennes.

Ces sanctions concernent des gels d'avoirs et des interdictions de voyage au sein de l'Union européenne.

Un ancien ministre de l'Intérieur figure aussi sur cette liste, qui sera publiée mardi au Journal officiel de l'UE, ainsi que plusieurs personnalités, gouverneurs de province, juges, procureurs, responsables de prison, a-t-on ajouté de mêmes sources.

Heydar Moslehi, ministre des Renseignements, est accusé d'arrestations arbitraires et de persécution des opposants. Le ministère des Renseignements gère la section 209 de la prison d'Evin, où sont détenus de nombreux prisonniers politiques, soumis à la torture.

Selon les mêmes sources diplomatiques, c'est ce ministre qui est à l'origine de l'arrestation récente de plusieurs documentaristes iraniens.

Mohammad Hosseini, ministre de la Culture et de la guidance islamique, joue un rôle actif dans la censure de la presse (fermeture de journaux) et dans les arrestations de journalistes et d'artistes, selon les mêmes sources.

Seyyed Morteza Bakhtiair, ministre de la Justice, a joué un rôle clé dans le harcèlement d'Iraniens vivant à l'étranger, ont-elles ajouté.

La liste inclut aussi l'ancien chef du ministère de l'Intérieur Sadeq Mahsouli (jusqu'à août 2009), dont les effectifs sont accusés par les Européens d'attaques sur des manifestants et de tortures, et Mehrdad Omidi, chef de l'Unité des crimes informatiques de la police iranienne.

Les Européens lui reprochent d'avoir engagé de très nombreuses enquêtes et mises en examen contre les réformateurs et les opposants politiques qui utilisent internet pour défendre leurs droits.

La liste de 29 noms au total a été entérinée lors d'une réunion à Luxembourg des ministres des Affaires étrangères des 27 États de l'UE. Elle porte à 61 le nombre de personnes dont les avoirs sont gelés et frappées d'interdiction de visa dans l'UE, après une première série de sanctions adoptées au printemps contre les auteurs de la répression.

«Ces sanctions sont symboliques, mais le fait de désigner des personnes n'est pas anodin. Les violations des droits de l'Homme sont devenues banales et de notre point de vue, l'Iran connaît une dégradation extrêmement forte de la situation des droits de l'Homme depuis deux ans», a commenté un diplomate européen.

L'Iran est également sous le coup de sanctions de l'UE en raison de son programme nucléaire controversé, dont la communauté internationale soupçonne qu'il a un volet militaire, ce que Téhéran dément. Et dans le cadre des sanctions de l'UE contre la Syrie, plusieurs responsables des Gardiens de la révolution iranienne, l'armée d'élite de la République islamique d'Iran, accusés d'aider à la répression.

Lundi, les ministres européens ont dénoncé «l'augmentation drastique des exécutions en Iran, y compris les exécutions de mineurs». Ils réclament aussi la levée des restrictions sur les communications, y compris la censure de l'internet.

De fait, «il y a un recours systématique à la censure et un contrôle extrême des communications», a souligné un diplomate européen.

«Les courriels sont traqués, comme les activités sur les réseaux sociaux, il y a des attaques contre des sites hébergés à l'étranger, et du brouillage des médias occidentaux pouvant être captés en Iran», a-t-il souligné.