Les Palestiniens ont engrangé mercredi une première victoire diplomatique dans leur quête d'une reconnaissance internationale d'un État, avec l'approbation d'une recommandation à l'UNESCO pour faire de la Palestine un membre à part entière de cette organisation.

Selon des sources au sein de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture, le conseil exécutif de cette agence a approuvé à une forte majorité, par 40 voix sur 58, une recommandation d'attribuer à la Palestine ce statut de membre à part entière.

Quatre pays ont voté contre, dont les États-Unis, et 14 se sont abstenus, selon ces sources. Selon le ministère espagnol des Affaires étrangères, il «n'a pas été possible» de trouver une position européenne commune et l'Allemagne, la Lettonie et la Roumanie ont voté contre. La Belgique, le Danemark, la Slovaquie, l'Espagne, la France, la Grèce, l'Italie et la Pologne se sont abstenus.

La recommandation, initiée par le groupe des pays arabes, sera soumise à la fin du mois à la Conférence générale de l'UNESCO.

Pour que la Palestine obtienne un statut d'État membre à l'UNESCO, la Conférence doit approuver la recommandation par une majorité des deux tiers de ses 193 membres, lors de sa session qui se tiendra du 25 octobre au 10 novembre à Paris où siège l'organisation.

L'approbation de cette recommandation a une très forte portée symbolique à l'heure où les Palestiniens ont déposé une demande d'adhésion à l'ONU comme État membre à part entière via le Conseil de sécurité. Les États-Unis ont menacé d'opposer leur veto à cette démarche tandis que la France a proposé d'accorder à la Palestine un simple statut d'État observateur via un vote à l'Assemblée générale des Nations unies.

Le conseil exécutif de l'UNESCO, où n'existe pas de droit de veto, est le pendant du Conseil de sécurité, tandis que sa Conférence générale peut être comparée à l'Assemblée générale des Nations unies.

Les Palestiniens n'ont jusqu'à présent qu'un statut d'observateur à l'UNESCO.

A Ramallah, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki avait dénoncé avant le vote «d'énormes pressions» contre la demande d'adhésion de la Palestine, en les attribuant aux États-Unis et à Israël.

«Nous espérons qu'il n'y aura pas de surprise et que ces pressions ne dissuaderont personne de voter en faveur de la Palestine», avait-il déclaré à l'AFP.

Dans la soirée, les États-Unis ont appelé «toutes les délégations» à voter «non à cette recommandation», dans un communiqué de l'ambassadeur américain à l'UNESCO David Killion. Estimant cette démarche «inappropriée», M. Killion a mis en garde contre le fait que ce dossier «peut potentiellement gravement ébranler la capacité de l'organisation à mener son important mandat».

A Washington, l'influente élue Kay Granger, qui préside la commission de la Chambre des représentants chargée de répartir les fonds pour la politique étrangère américaine, a prévenu qu'elle allait s'«employer à mettre fin au financement» de l'organisation culturelle par les États-Unis.

La France avait fait savoir qu'elle jugeait prématuré pour la Palestine de demander une adhésion pleine et entière à l'UNESCO, soulignant que la priorité pour l'heure devait être «la reprise des négociations» avec Israël. «l'UNESCO n'est pas l'enceinte appropriée», a insisté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

L'Espagne a de son côté annoncé dans la soirée qu'elle voterait «en faveur de cette recommandation».

Un changement de statut à l'UNESCO permettrait à la Palestine de déposer des demandes de reconnaissance au Patrimoine mondial de l'Humanité pour des sites dans les territoires palestiniens occupés par Israël.

Les Palestiniens comptent notamment présenter au Patrimoine mondial les candidatures de Bethléem, lieu de naissance du Christ, Hébron, pour le Caveau des Patriarches - la mosquée d'Ibrahim (nom musulman d'Abraham) - un site révéré à la fois par les juifs et les musulmans, et Jéricho.