Deux nouveaux rapports produits par Oxfam dressent un portrait troublant de la situation des droits de la personne en Afghanistan et exhortent la communauté internationale, y compris le Canada, à refuser les compromis sur les questions touchant les femmes et la justice pour obtenir la paix.

Ces deux rapports demandent aux gouvernements de l'Occident de porter davantage d'attention aux agissements du gouvernement Karzaï en fait d'égalité des femmes et de responsabilité des forces de sécurité avant le retrait des troupes internationales, en 2014.

Rendu public dimanche, l'un de ces rapports réclame un droit de parole pour les femmes dans le processus de paix et même un siège à la table des négociations.

Les auteurs du rapport affirment que les Afghanes désirent la paix tout autant que les Afghans. Selon eux, les Afghanes craignent toutefois que leurs droits soient compromis pour en arriver à une paix qui est désirée coûte que coûte.

«Il n'y a pas de raccourcis pour en arriver à la paix en Afghanistan», peut-on lire dans le rapport.

Mark Fried, un coordonnateur d'Oxfam à Ottawa, a fait valoir que le Canada, avec ses importantes contributions en matière de combat et de formation de forces de sécurité, avait consacré beaucoup d'efforts en Afghanistan. Selon lui, le Canada ne peut pas quitter l'Afghanistan en laissant derrière lui de vagues promesses d'appui.

«J'espère que le Canada, étant un formateur essentiel, encouragera le gouvernement afghan à aborder avec davantage de sérieux les questions des droits et de la participation des femmes», a affirmé M. Fried au cours d'une entrevue avec La Presse Canadienne.

Les auteurs du rapport conviennent que la participation des femmes dans la société afghane a connu un bond d'envergure durant la décennie qui a suivi la chute des talibans. Ils ajoutent toutefois que ces gains sont précaires et que des groupes de défense des femmes dans le pays citent la promulgation de lois sévères - dont l'une, adoptée en 2009, a, pour ainsi dire, légalisé le viol dans un mariage - comme exemple montrant à quelle vitesse les progrès peuvent être effacés.

«La communauté internationale, de son côté, doit donner des garanties précises en lien avec son engagement à long terme en Afghanistan, y compris pour les droits et les besoins des femmes, bien au-delà de 2014», peut-on lire dans le rapport.

Le second rapport, publié la semaine dernière, déplore que l'Occident porte son attention sur la «quantité» et non pas sur la «qualité» en ce qui concerne la formation des forces de sécurité afghanes. Selon ce document, cette situation pourrait même mener à un désastre sur le plan des droits de la personne.

Selon les auteurs de ce rapport, la police afghane continue d'être impliquée dans des cas graves de violation des droits de la personne. De plus, selon le rapport, la police afghane est aussi impliquée dans des incidents où des civils ont perdu la vie à cause d'un recours trop prompt à la force excessive.