L'avocat des Américains détenus pendant deux ans en Iran pour espionnage avant d'être libérés la semaine dernière, Me Masoud Shafii, a été empêché de quitter l'Iran dimanche et s'est vu retirer son passeport, a appris l'AFP de source proche du dossier.

Me Shafii, qui devait se rendre aux États-Unis, a été interpellé dimanche matin à l'aéroport de Téhéran alors qu'il embarquait après avoir passé sans problème les contrôles de police, a précisé cette source.

«On lui a confisqué son passeport, apparemment sur décision de justice, mais il a été laissé libre», a ajouté cette source qui n'a pas été en mesure de donner les raisons de la confiscation du passeport de l'avocat.

Me Shafii avait déjà fait l'objet mardi d'une interpellation à son domicile et d'un interrogatoire de plusieurs heures avant d'être relâché, selon la même source.

Les enquêteurs avaient emporté des documents, son ordinateur et son passeport qui lui avaient été restitués à l'issue de son interrogatoire.

Me Masoud Shafii a défendu pendant deux ans les Américains Shane Bauer, Josh Fattal et Sarah Shourd, accusés d'entrée illégale en Iran et d'espionnage après avoir été arrêtés en juillet 2009 à la frontière irano-irakienne, qu'ils ont affirmé avoir franchi par inadvertance lors d'une randonnée.

Sarah Shourd a été libérée sous caution en septembre 2010 pour raison de santé et ses deux compagnons ont été libérés sous caution le 21 septembre après avoir été condamnés en août à 8 ans de prison.

Me Shafii, qui a toujours affirmé que ses clients étaient innocents, s'est longuement battu pour obtenir leur libération, critiquée par l'aile dure conservatrice du régime islamique iranien.

L'avocat a également dénoncé les restrictions apportées par la justice, affirmant n'avoir eu que trois brefs entretiens avec ses clients en deux ans: avant le début de leur procès et avant chacune des deux audiences en février et en août.

D'autres avocats poursuivis

Parmi les avocats poursuivis après avoir défendu des affaires fortement médiatisées à l'étranger figure notamment Javid Houtan Kian, défenseur de l'Iranienne condamnée à la lapidation pour adultère Sakineh Mohammadi Ashtiani, détenu depuis octobre 2010 pour liens avec des mouvements «contre-révolutionnaires».

Me Ali Dadkhah, avocat notamment du pasteur iranien Youssef Nadarkhani condamné à mort pour apostasie avant que la Cour suprême ne casse le jugement en juillet, est pour sa part sous le coup d'une condamnation à 9 ans de prison et dix ans d'interdiction d'exercer pour «action de propagande contre le régime islamique».

Me Dadkhah est proche du Cercle des défenseurs des droits de l'Homme fondé par le prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, comme beaucoup de ses confrères victimes de la répression.

C'est notamment le cas de l'avocate Nasrin Sotoudeh, condamnée à 11 ans de prison pour son action en faveur des droits de l'Homme ou de Me Abdolfattah Soltani, défenseur notamment de la communauté bahaïe en Iran, arrêté en septembre.

Me Mohammad Seyfzadeh, qui a défendu la famille de la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi décédée en prison en 2003, purge de son côté une peine de deux ans de prison.

Tous ces avocats ont reçu le soutien des démocraties occidentales et des grandes organisations internationales de défense de droits de l'Homme comme Amnesty International, qui les considère comme prisonniers d'opinion.