Une Pakistanaise de 13 ans reconnue coupable de blasphème a été renvoyée de son école et emmenée hors de son village avec sa mère dans le nord du Pakistan, ont annoncé lundi des responsables locaux.

La répression envers les personnes reconnues coupables d'offense à l'islam au Pakistan est régulièrement critiquée par les Occidentaux, qui dénoncent un instrument d'oppression des minorités, notamment chrétienne.

Faryal Tauseef, collégienne dans la ville-garnison d'Havelian, située au sud d'Abbottabad, la ville où le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden a été tué en mai dernier, a écrit un commentaire blasphématoire dans un devoir de poésie sur le prophète Mahomet, a expliqué la directrice de son école, Junaid Sarfraz.

«Elle a avoué, en expliquant avoir fait une erreur. Après avoir consulté les responsables religieux locaux, la direction de l'école a décidé de la renvoyer pour voir utilisé des termes interdits», a-t-elle indiqué.

«Elle a été emmenée hors de la ville avec sa mère, une infirmière, a ajouté Mme Sarfraz, précisant qu'il s'agissait d'une mesure de sécurité pour que la mère et sa fille ne soient pas menacées dans leur ville.

La police locale a indiqué de son côté qu'aucune plainte n'avait été déposée, et que l'affaire était dans les mains des responsables religieux, qui ont le pouvoir de pardonner aux coupables qui ont avoué leur blasphème et demandent la clémence.

La loi sur le blasphème, défendue par les influents partis religieux, déchaîne les passions au Pakistan. Malgré des pressions régulières de la communauté internationale et de l'ONU, elle a peu de chance d'être amendée prochainement par un gouvernement faible et peu apprécié d'une opinion publique de plus en plus conservatrice, estiment les analystes. Le gouvernement a lui-même indiqué qu'il n'avait aucune intention de réformer cette loi adoptée en 1986.

La peine capitale prononcée pour blasphème n'est jamais appliquée, ou commuée en appel à une peine de prison. Mais de nombreux condamnés, musulmans ou chrétiens, croupissent en détention ou sont tués par leurs geôliers ou par des extrémistes dans la rue à peine sortis de prison.