L'ex journaliste Shelly Yacimovich s'est imposée mardi soir à la tête du Parti travailliste israélien en battant au second tour des primaires l'ancien dirigeant syndicaliste Amir Peretz.

Shelly Yacimovich a remporté 54 % des voix des adhérents du parti contre 45 % à M. Peretz, selon le décompte après dépouillement de plus de 70 % des suffrages exprimés, a indiqué la radio publique israélienne.

La radio a précisé que l'issue du scrutin était désormais irréversible, mais que les deux rivaux ne s'exprimeraient qu'après le dépouillement de toutes les urnes et la publication des résultats définitifs.

Après le décompte de 37 000 suffrages exprimés, sur un total de 66 310 électeurs appelés à voter Mme Yacimovich a obtenu 20 000 voix contre 16 700 à M. Peretz, a encore indiqué la radio.

Commentant ces résultats, Yitzhak Herzog, un des dirigeants travaillistes, a affirmé qu'«ils révèlent que le parti est divisé et qu'il devra surmonter cette situation en s'unifiant pour redevenir un acteur consistant sur la scène politique».

C'est la seconde fois dans son histoire que le parti travailliste nomme une femme à sa direction. Après le décès soudain du premier ministre Levi Eshkol en 1969, il avait confié ses fonctions à Golda Meir (1969-1974).

Coqueluche des médias, et soutenue par Ofer Eini, le secrétaire général de la puissante centrale syndicale Histadrout, Mme Yacimovich a recueilli la plupart de ses suffrages dans les grandes villes, surtout dans le nord du pays, ainsi que dans les kibboutzim (collectivistes), ont indiqué les experts.

Son rival a été appuyé par les villages coopératifs, les localités pauvres du sud, les Arabes et les Druses d'Israël.

C'est paradoxalement M. Peretz qui a parrainé en 2006 l'entrée en politique de la nouvelle présidente du parti travailliste, et tous deux devront à présent coopérer après s'être livrés à une âpre bataille.

Aujourd'hui âgée de 51 ans, cette mère célibataire s'est rapidement imposée à la Knesset (Parlement) en championne opiniâtre de la lutte contre les injustices sociales.

Mais, elle ne s'est jusqu'ici pas prononcée sur des questions clés et controversées, comme les conditions d'un règlement de paix avec les Palestiniens. Et elle s'est aussi abstenue de critiquer la colonisation juive en Cisjordanie occupée, au grand dam de la mouvance plus à gauche du parti.

Sous sa direction, le Parti travailliste obtiendrait aujourd'hui pas moins de 22 députés à la Knesset en cas d'élections législatives, selon un sondage publié en début de semaine. Il mordrait à la fois sur la base électorale du parti centriste Kadima de Tzippi Livni, et celle du Likoud (droite) de M. Netanyahu.

Les Travaillistes reviendraient ainsi sur le devant de la scène politique, après avoir enregistré aux dernières législatives en février 2009 leur pire score historique avec 13 mandats seulement.

Leur influence s'est réduite comme une peau de chagrin en janvier 2011 quand leur ex-chef, le ministre de la Défense Ehud Barak, a fait scission pour fonder avec quatre députés un petit parti centriste afin de rester dans la coalition gouvernementale de droite de Benjamin Netanyahu.

Les Travaillistes ont fondé l'État d'Israël en 1948 et l'ont dirigé sans partage jusqu'à la victoire du chef historique de la droite Menahem Begin en 1977. Depuis lors, ils ont le plus souvent été à la traîne dans des coalitions de droite, hormis quelques exceptions avec Yitzhak Rabin (1974-77, et 1992-95), Shimon Peres (1984-86, et 1995-96) et Ehud Barak (1999-2001).