Quelle que soit la réponse de l'ONU à la demande d'adhésion d'un État de Palestine, les colons de Cisjordanie comptent bien tout mettre en oeuvre pour en déjouer la création sur le terrain.

Signe de la montée de la tension, trois mosquées ont subi des déprédations en une semaine en Cisjordanie, des profanations imputées à des colons.

Le quotidien Haaretz a rapporté fin août que l'armée israélienne entraînait des colons en Cisjordanie à faire face à d'éventuelles manifestations violentes à cette occasion, notamment en les formant à l'utilisation de grenades lacrymogènes et à souffle.

Pour Shaoul Goldstein, président du Conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies au sud de Jérusalem, «c'est l'armée qui est chargée des questions de sécurité, mais nous restons vigilants et saurons nous défendre si nécessaire».

Opposé à la création d'un État palestinien en Cisjordanie, M. Goldstein, membre du comité central du Likoud, le parti du premier ministre Benyamin Nétanyahou, est convaincu que rien ne changera sur le terrain.

«Nous devons affirmer notre droit sur cette terre et cesser d'envisager la création d'un État pour nous concentrer sur les moyens de vivre en bon voisinage avec les Palestiniens», affirme-t-il.

Le député Zeev Elkin, du Likoud, qui vit également dans le Goush Etzion, juge que les colons «doivent faire pression sur les autorités israéliennes afin de faire passer le message aux Palestiniens qu'ils ont beaucoup à perdre à cette demande d'adhésion à l'ONU».

«L'Autorité palestinienne doit comprendre qu'il y aura un prix à payer pour cette demande qui met fin aux accords signés par le passé», ajoute-t-il.

Un colloque organisé à la Knesset (Parlement) par le député d'extrême droite Michael Ben Ari sur le thème «Transformer une menace en occasion de changer les règles du jeu» a permis à l'aile la plus radicale des colons de se faire entendre.

«Nous devons effacer l'idée d'un État palestinien des esprits et convaincre le monde que l'islam est un danger», a assuré M. Ben Ari, qui envisage d'organiser des marches pacifiques vers les villes palestiniennes de Cisjordanie, afin de répondre aux défilés annoncés côté palestinien.

Le rabbin Dov Lior, de la colonie de Kyriat Arba, près de Hébron (sud de la Cisjordanie) est venu bénir les participants en insistant sur le message à transmettre au monde: «Il n'y aura jamais d'autre entité nationale sur cette terre que celle du peuple juif».

Annexion de la Cisjordanie, manifestations massives, grèves des employés municipaux, entraînements intensifs à l'autodéfense, renforcement des mesures de sécurité, interdictions aux ouvriers palestiniens de travailler dans les colonies... les propositions foisonnent durant ce colloque.

«Nous ne sommes pas des chrétiens, on doit rendre coup sur coup», a asséné Yonatan Yossef, le porte-parole des colons juifs du quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est.

Noam Arnon, un des responsables de la communauté juive de Hébron a néanmoins surpris en appelant à «s'associer avec les habitants palestiniens de Judée-Samarie (Cisjordanie, NDLR) qui s'opposent à la demande de septembre», évoquant la déclaration récente d'un dignitaire musulman de Hébron, Abou Khader al-Jabari selon lequel «un État palestinien ici n'a aucune chance d'exister».

Si la majorité des colons refusent d'entendre parler d'un État palestinien en Cisjordanie, le mouvement pacifiste minoritaire Eretz Shalom (Une terre de paix), qui réunit colons et Palestiniens, voit dans la bataille diplomatique à l'ONU une occasion de se rapprocher la paix.

«La reconnaissance d'un État palestinien par la communauté internationale est une bonne chose pour l'État d'Israël, pour la paix dans la région et dans le monde», a déclaré le rabbin Menahem Frouman, fondateur d'Eretz Shalom lors d'une rencontre à Ramallah avec Mahmoud Abbas, le président palestinien.