Trois attaques perpétrées contre des hommes politiques libanais en 2004 et 2005 sont liées à l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et à 22 autres personnes le 14 février 2005 à Beyrouth, a assuré vendredi le Tribunal spécial pour le Liban (TSL).

«Le juge de la mise en état Daniel Fransen a statué que le procureur avait présenté des éléments de preuve suffisants, de prime abord, laissant présumer que les trois affaires sont connexes et relèvent de la compétence du tribunal», a indiqué le TSL dans un communiqué.

La décision de M. Fransen fait suite à une requête déposée le 30 juin par le procureur Daniel Bellemare lui demandant de se prononcer sur un lien éventuel entre les trois attaques et l'assassinat de M. Hariri.

Les attaques concernées sont celle à la voiture piégée du 1er octobre 2004 lors de laquelle avait été blessé l'ancien ministre des Télécommunications Marouan Hamadeh, l'attaque du 21 juin 2005 lors de laquelle avait été tué l'ancien dirigeant du parti communiste libanais George Hawi et l'attaque du 12 juillet 2005 qui avait blessé l'ancien ministre de la Défense Elias Murr.

«Bien que la décision du juge de la mise en état ne conduise pas automatiquement le procureur à présenter un acte d'accusation, cela lui permet de poursuivre les enquêtes relatives à ces affaires», a expliqué le TSL.

«Il revient au procureur de déterminer s'il existe suffisamment d'éléments de preuve pour étayer une mise en accusation concernant ces trois affaires connexes», a ajouté la même source.

Le TSL, créé en 2007 en vertu d'une résolution de l'ONU, est chargé de juger les auteurs présumés de l'attentat contre M. Hariri, ancien Premier ministre qui s'est opposé à l'hégémonie de la Syrie sur le Liban.

Le tribunal, installé dans la banlieue de La Haye, enquête aussi sur une série d'attentats commis au Liban entre le 1er octobre 2004 et le 12 décembre 2005 qui ont notamment tué ou blessés de nombreux hommes politiques ou journalistes connus pour leurs positions hostiles à Damas.

Le tribunal est en effet compétent pour juger les auteurs présumés de ces attaques «sous réserve que le juge de la mise en état détermine l'existence d'un lien de connexité avec l'attentat contre M. Hariri», a expliqué le TSL dans son communiqué.

«La décision relative à la connexité demeure néanmoins confidentielle afin de ne pas compromettre l'enquête et de protéger les victimes et les témoins potentiels», a toutefois précisé la même source.

Le juge de la mise en état a par ailleurs enjoint les autorités libanaises à se dessaisir des trois affaires en question et de transmettre les dossiers pertinents au procureur, a souligné le TSL dans un communiqué.

L'acte d'accusation du TSL portant sur la mort de Rafic Hariri, dont une version expurgée a été rendue publique mercredi, vise quatre membres du Hezbollah, qui n'ont pas encore été arrêtés.

Les quatre hommes font l'objet de mandats d'arrêt transmis le 30 juin par le TSL aux autorités libanaises ainsi que de notices rouges émises par Interpol.

Le puissant parti chiite, majoritaire au sein du gouvernement libanais avec ses alliés et soutenu par la Syrie et l'Iran, a exclu l'arrestation de ses membres, rejetant toute décision émanant du TSL.

Mercredi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé que l'acte d'accusation du TSL était une «grande injustice» et ne se basait sur «aucune preuve directe».