Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré mardi que son pays «accueillait favorablement» la proposition russe d'une approche «pas à pas» pour reprendre les discussions sur le programme nucléaire iranien controversé.

«La République islamique d'Iran accueille favorablement la proposition russe d'une approche +pas à pas+ et est prête à formuler des suggestions pour coopérer dans ce domaine», a-t-il dit lors d'une rencontre avec le secrétaire du Conseil russe de sécurité, Nikolaï Patrouchev, selon des propos rapportés par le site internet de la présidence.

«Dans cette approche +pas à pas+, nous allons prendre en considération votre opinion et celle du Guide suprême (iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, NDLR), parce (...) que nous les considérons comme primordiales pour atteindre une solution positive», a déclaré de son côté M. Patrouchev, d'après la même source.

Le Guide suprême a le dernier mot en Iran en ce qui concerne la politique étrangère et la question nucléaire.

Le chef des négociateurs nucléaires iraniens Saïd Jalili a indiqué un peu plus tôt mardi que les propositions russes pouvaient constituer une «base pour commencer les négociations» nucléaires, après une rencontre à Téhéran avec M. Patrouchev.

Moscou cherche à relancer les négociations nucléaires entre l'Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU: États-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine plus l'Allemagne), interrompues en janvier.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a évoqué à la mi-juillet l'idée de relancer ces négociations en adoptant une approche «pas à pas» pour résoudre le dossier nucléaire.

L'idée russe est que chaque partie fasse un pas positif en réponse à un pas positif de l'autre en commençant par les points les plus faciles à résoudre. Les grandes puissances devraient, selon cette idée, répondre à un pas positif de l'Iran en allégeant les sanctions économiques internationales contre Téhéran.

«Le dialogue pour la coopération peut constituer une très bonne stratégie (...), l'Iran et le groupe des Six peuvent créer une base de coopération à travers une telle stratégie», a souligné M. Jalili.

«Nous avons eu de très bonnes négociations», a déclaré pour sa part M. Patrouchev, en précisant que les discussions avec M. Jalili avaient notamment porté «sur la nécessité d'une interaction avec le groupe 5+1 et l'Agence internationale de l'énergie atomique» (AIEA).

Arrivé lundi à Téhéran, M. Patrouchev a également rencontré le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi. Ce dernier a quitté mardi soir Téhéran pour Moscou à l'invitation de son homologue russe pour poursuivre les discussions sur le nucléaire.

Partenaire de Téhéran, la Russie a construit la centrale nucléaire de Bouchehr (sud de l'Iran), d'une capacité de 1.000 mégawatts, qui doit entrer en service fin août.

L'Iran est sous le coup de six résolutions des Nations unies, dont quatre assorties de sanctions, condamnant son programme nucléaire que les grandes puissances et l'AIEA soupçonnent d'avoir un objectif militaire malgré les dénégations répétées de Téhéran.

M. Ahmadinejad a de nouveau nié dimanche que l'Iran cherchait à se doter de l'arme atomique: «Les armes nucléaires appartiennent au siècle dernier. Si un pays essayait de fabriquer une bombe atomique, il gaspillerait son temps et ses ressources», a-t-il dit.

Les États-Unis et l'Union européenne ont renforcé en 2010 les sanctions de l'ONU en adoptant des sanctions économiques unilatérales, notamment contre le système bancaire et énergétique de l'Iran.

Malgré ces sanctions, Téhéran a accéléré son programme d'enrichissement d'uranium, annonçant début juillet vouloir produire de l'uranium enrichi à 20%  et multiplier par trois sa capacité de production, une décision qualifiée de «provocation» par les États-Unis et la France.

Enrichi jusqu'à 20%, l'uranium peut servir à produire du combustible pour des installations civiles, mais s'il est poussé à 90% il peut être utilisé à des fins militaires.