Une série d'attentats dans une quinzaine de villes a fait 74 morts et plus de 300 blessés en Irak lundi, la journée de violences la plus sanglante depuis plus d'un an, alors que l'armée américaine tente de négocier le maintien d'un contingent limité après fin 2011.

Ont été frappées dans la matinée de lundi les villes de Kout, Tikrit, Bagdad, Taji, Najaf, Kirkouk, Ramadi, Kerbala, Khan Beni Saad, Iskandariya, Mossoul, Balad et plusieurs localités de la province de Diyala dont Baqouba. Ces attentats, qui ont fait 67 morts, n'ont pas été revendiqués.

Ils ont été suivis dans la soirée par une nouvelle attaque à Youssoufiya (25 km au sud de Bagdad) qui a fait 7 morts, a indiqué une source au ministère de l'Intérieur.

Huit hommes armés en uniformes de l'armée ont fait irruption vers 21h30 dans une mosquée et appelé par leurs noms 7 membres de la milice anti-al-Qaïda Sahwa, qu'ils ont «abattus devant les autres fidèles». «Ils ont déclaré être des membres de l'Etat islamique d'Irak» (al-Qaïda), puis se sont enfuis, a dit la source.

Le bilan, calculé par l'AFP à partir d'informations officielles, est le plus lourd en une journée depuis le 10 mai 2010, lorsque une soixantaine d'attaques menées sur l'ensemble du territoire avait fait au moins 110 morts et plus de 500 blessés.

«Tuer des Irakiens innocents durant ce mois (de ramadan) montre que ceux qui ont fait ça n'ont ni religion, ni sens commun», avait estimé plus tôt lundi le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki dans un communiqué.

«Ils ne resteront pas impunis pour ces crimes. Les forces de sécurité ne doivent pas laisser ces tueurs souffler (...). Tout répit signifierait mettre en danger le sang des Irakiens», a-t-il ajouté.

«Il y a eu des attaques et nous les condamnons sévèrement», a déclaré à la presse le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

L'ONU a également condamné les attaques et appelé le peuple irakien à rejeter la violence et les hommes politiques à travailler à «la paix par le dialogue national et la réconciliation», selon le porte-parole du secrétaire général Ban Ki-moon.

L'attaque la plus meurtrière, un double attentat à la bombe, a fait au moins 40 morts et 65 blessés à Kout, à 160 km au sud-est de Bagdad, selon un bilan fourni par Ghalid Rashid Khazaa, un porte-parole des services de santé de la région.

Les deux explosions se sont produites vers 08h00 dans un endroit bondé du centre de cette ville de près de 400 000 habitants, selon une source policière. Elles ont été provoquées quasi-simultanément par une voiture piégée et une bombe placée au bord de la route.

A Najaf (150 km au sud de Bagdad), deux voitures piégées ont explosé, faisant 7 morts et 60 blessés, pour la plupart des policiers, selon un porte-parole du département de la santé.

D'autres attentats à la bombe, qui ont aussi fait des victimes, ont été signalés à Tikrit, Bagdad, Ramadi, Balad, Khan Beni Saad, Mossoul, Taji, Iskandariya et Kerbala.

«Les attaques d'aujourd'hui n'étaient pas une surprise», a déclaré le porte-parole du commandement des opérations de Bagdad, le général Qassem Atta, précisant qu'un certain nombre d'autres attentats avaient pu être empêchés ce lundi.

«Tous les trois ou quatre mois, al-Qaïda mène des opérations pour prouver qu'elle est toujours là», a-t-il souligné.

Cette série d'attentats intervient en plein mois sacré de ramadan et alors que les principales composantes politiques irakiennes viennent de s'entendre pour autoriser le gouvernement à négocier avec les Etats-Unis le maintien d'un contingent limité de formateurs américains après la date butoir de fin 2011.

Les Etats-Unis ont encore 47 000 soldats en Irak, qui doivent tous partir à la fin de l'année, selon l'accord signé en novembre 2008 entre Bagdad et Washington.

«La situation générale» reste marquée par «une violence en recul», selon le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney, selon qui les attaques meurtrières de lundi «ne changent pas» le projet de retirer les troupes américaines d'ici la fin de l'année.

«Et si (les responsables irakiens) avaient une demande à faire valoir, nous la prendrions certainement en compte. Mais au moment où je vous parle, nous nous en tenons à l'accord conclu entre les deux gouvernements», a-t-il ajouté.