Vingt-deux personnes ont été tuées et 34 blessées dimanche, dont une majorité de civils, dans une attaque suicide contre les bureaux du gouverneur de la province de Parwan, à 50 km au nord de Kaboul, selon le ministère afghan de l'Intérieur.

En fin de matinée, un kamikaze a d'abord fait exploser une voiture piégée à l'entrée du complexe abritant les bureaux, permettant à cinq hommes armés et ceints d'explosifs, d'y entrer, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Deux des kamikazes se sont fait exploser, tandis que les trois autres ont été abattus par la police, ajoute le texte.

Selon le ministère, 16 fonctionnaires provinciaux et six policiers ont été tués, tandis que 34 personnes, dont dix policiers ont été blessées.

Les combats ont duré un peu moins d'une heure, a indiqué lors d'une conférence de presse à son bureau le gouverneur de Parwan, Abdul Basir Salangi, qui avait annoncé, en plein affrontement, l'attaque de ses bureaux par téléphone sur la chaîne de télévision privée afghane d'informations Tolo News.

Il a précisé qu'au moins un des kamikazes était vêtu d'un uniforme de police.

Au moment de l'attaque se tenait une réunion à laquelle participaient le gouverneur, le vice-gouverneur et le responsable local de l'agence afghane du renseignement (NDS), ainsi que deux conseillers américains, a indiqué à l'AFP le chef de la police du Parwan, Sher Ahmad Maladani, lui aussi présent.

«Nous étions en réunion avec le gouverneur (...) Cinq kamikazes ont pénétré dans le complexe (abritant les bureaux) et une fusillade a éclaté», a-t-il expliqué.

Selon un photographe de l'AFP, l'attaque a fait de nombreux dégâts à l'intérieur du complexe du gouverneur. De nombreuses fenêtres ont été soufflées et des impacts de balles étaient visibles sur les bâtiments, dont un au moins était largement éventré par une explosion.

Des policiers et militaires afghans, ainsi que des soldats américains étaient déployés sur les lieux après les affrontements.

Un porte-parole de l'OTAN a indiqué que la coalition avait simplement fourni des hélicoptères pour évacuer les blessés.

Les talibans, qui mènent une insurrection sanglante en Afghanistan depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001, ont revendiqué l'attaque dans un SMS envoyé à l'AFP.

Les talibans ont multiplié récemment les attaques contre des personnalités liées au pouvoir afghan ou contre des sites sensibles et censés être particulièrement protégés, alors que l'OTAN a entamé le retrait progressif de ses forces de combat et le transfert de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes.

Nombre d'Afghans et d'experts doutent des capacités de celles-ci à assurer la sécurité du pays à l'échéance prévue de fin 2014, face à une insurrection qui s'est intensifiée et largement propagée jusque dans le nord de l'Afghanistan, bien au-delà de ses bastions traditionnels du sud et de l'est.

La province de Parwan, qui borde toute la partie nord de celle de Kaboul, est relativement épargnée par les violences qui déchirent la majeure partie du pays.

Les bureaux du gouverneur de Parwan avaient cependant déjà été visés le 21 juin dernier par un attentat suicide, revendiqué là aussi par les talibans. Un kamikaze s'était fait exploser devant le portail d'entrée des bureaux, tuant deux civils.

Abdul Basir Salangi fut l'un des chefs militaires d'Ahmed Shah Massoud, figure de la résistance afghane, au côté duquel il a combattu les Soviétiques, puis les talibans lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et fin 2001.

Après la chute des talibans, il a notamment occupé les fonctions de chef de la police de Kaboul, puis de Kandahar, la grande ville du sud, berceau historique des «étudiants en religion».