Trente militaires américains, sept membres des forces spéciales afghanes et un interprète civil ont péri dans le crash d'un hélicoptère samedi en Afghanistan, a annoncé l'OTAN, l'événement le plus meurtrier pour la coalition en bientôt dix ans de conflit.

L'OTAN n'a pas fourni d'autres détails sur les soldats tués et sur les causes de l'écrasement, mais la présidence afghane avait initialement annoncé que 31 membres des forces spéciales américaines et sept des forces spéciales afghanes avaient péri dans la chute de l'appareil.

Le général Abdul Razeq, qui commande le corps d'armée afghane déployée dans la région, avait indiqué plus tôt dans la journée à l'AFP que l'hélicoptère avait été abattu par les insurgés talibans, qui revendiquent avoir descendu l'appareil.

«Trente militaires de l'ISAF, un interprète civil et sept commandos afghans ont été tués quand un CH-47 Chinook s'est écrasé en Afghanistan, tôt» samedi, a indiqué la force de l'OTAN dans le pays (ISAF) dans un communiqué.

Une vingtaine des Américains tués appartiennent aux forces spéciales des Navy Seals, notamment à leur unité d'élite, le «Seal Team 6», qui a mené le raid pour éliminer Oussama Ben Laden, selon CNN et le Washington Post.

Des sources au sein de l'administration Obama ont affirmé à l'AFP qu'«il ne s'agit pas de l'équipe OBL» (Oussama Ben Laden) tout en refusant de préciser s'il s'agissait cependant du «Seal Team 6».

Le Chinook est un appareil militaire de transport capable de prendre à bord jusqu'à 44 militaires en plus des trois membres d'équipage.

«Une enquête est en cours pour déterminer les causes exactes de l'écrasement», selon l'ISAF.

L'appareil s'est écrasé dans la province du Wardak (centre) après avoir été «touché par une roquette tirée par les talibans», a affirmé à l'AFP Sahidullah Shahid, porte-parole des autorités de cette province, limitrophe de celle de Kaboul et où prolifèrent les talibans.

«Les éléments d'information continuent de nous arriver. Il est important que nous laissions les enquêteurs faire leur travail avant de faire des conclusions hâtives a de son côté appelé le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen.

Le président américain Barack Obama a salué «le sacrifice extraordinaire» des militaires américains et de leurs camarades afghans, ajoutant: «nous allons continuer (....) à nous battre pour les valeurs qu'ils incarnaient».

«Nous allons garder le cap pour accomplir cette mission», a également promis le ministre de la Défense, Leon Panetta, tout comme le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, selon qui l'Alliance est déterminée «à poursuivre son action».

L'événement le plus meurtrier du conflit pour la coalition remontait jusqu'ici au 28 juin 2005, quand 16 militaires américains avaient été tués dans la chute d'un Chinook, touché par une roquette tirée par des talibans.

Le 26 octobre 2009, trois hélicoptères s'étaient écrasés, dont deux après une collision en vol, tuant 14 Américains.

Environ 130 000 soldats de l'ISAF, aux deux tiers américains, combattent depuis fin 2001 l'insurrection talibane au côté du gouvernement afghan.

Un soldat de l'OTAN a par ailleurs été tué samedi par une bombe artisanale dans le sud de l'Afghanistan.

Les pertes de samedi portent à au moins 374 le nombre de militaires de l'OTAN ayant péri dans le cadre des opérations en Afghanistan depuis le début de l'année, selon le site spécialisé icasualties.org.

Plus de 2 600 soldats étrangers ont été tués depuis le début du conflit, selon le site.

Les États-Unis doivent retirer le tiers de leur contingent d'ici septembre 2012 dans le cadre du transfert de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes. Ce transfert doit s'achever fin 2014, mais nombre d'experts et d'Afghans doutent de la capacité des forces afghanes à prendre le relais de l'ISAF.

Les condoléances du Canada

Le Canada a souligné samedi les «sacrifices extraordinaires» des soldats occidentaux en Afghanistan, dans un message de condoléances aux familles des 38 victimes de la chute d'un hélicoptère américain, apparemment abattu par les talibans.

«Cette tragédie est un triste rappel des sacrifices extraordinaires que les hommes et les femmes en uniforme continuent de faire en Afghanistan», a déclaré le premier ministre canadien Stephen Harper.

«Le Canada ne renoncera pas à ses efforts de voir l'Afghanistan devenir un pays en paix, sécuritaire et stable, qui ne sera plus jamais un refuge sûr pour les terroristes», ajoute M. Harper.

Ottawa, dont le contingent comptait près de 3 000 soldats en Afghanistan, a officiellement mis un terme début juillet à sa mission de combat dans ce pays, entamée en 2002 et qui a coûté la vie à 157 soldats canadiens. Près d'un millier d'instructeurs militaires canadiens chargés de former les troupes afghanes doivent prendre le relais.