Le maire de Kandahar, la grande ville du sud de l'Afghanistan, berceau historique des talibans, a été tué mercredi dans un attentat-suicide, deux semaines après l'assassinat d'Ahmed Wali Karzaï, homme fort de la région et demi-frère du président Hamid Karzaï.

L'attaque, revendiquée par les insurgés talibans, est un nouveau coup dur pour le chef de l'État afghan, dont le maire de Kandahar, Ghulam Haidar Hameedi, était proche. Outre son demi-frère tué le 12 juillet à Kandahar, M. Karzaï venait également de perdre un de ses proches conseillers et ami, Jan Mohammad Khan, tué le 17 juillet par des kamikazes à Kaboul.

Le maire est par ailleurs le quatrième haut responsable de la très stratégique province de Kandahar assassiné depuis le début de l'année, une inquiétante série pour l'OTAN au moment où ses forces commencent à se retirer du pays et à transférer la responsabilité de sa sécurité aux forces afghanes.

Ces deux processus progressifs sont censés s'achever à la fin 2014 avec le départ de toutes les unités de combat étrangères qui soutiennent le fragile gouvernement de Kaboul face à l'insurrection menée par les talibans.

Ghulam Hameedi «a été tué quand un kamikaze a déclenché les explosifs cachés dans son turban», a déclaré à l'AFP le chef de la police de la province de Kandahar, le général Abdul Raziq. Une personne a également été blessée dans l'attentat, a-t-il ajouté.

Le maire était alors en train de s'entretenir dans la cour de l'hôtel de ville avec certains de ses administrés au sujet d'un différend foncier, ont indiqué des participants.

Selon ces derniers, le maire avait ordonné la destruction de leurs maisons, affirmant qu'elles étaient bâties illégalement sur des terrains ne leur appartenant pas. Deux enfants avaient été tués mardi lors du début des travaux de démolition, a également affirmé à l'AFP leur père, présent à cette réunion.

Les questions foncières sont sensibles à Kandahar où Ahmed Wali Karzaï a été régulièrement accusé de profiter de sa puissance pour accaparer des terres pour des projets immobiliers ou au profit de la famille Karzaï.

Après la mort de l'omnipotent Wali Karzaï, nombre d'analystes ont redouté une flambée de violences sur fond de rivalités tribales et mafieuses pour le contrôle des ressources de cette province très stratégique.

Né en 1947 dans le district d'Argandhab (banlieue de Kandahar), issu de la famille des Mohamadzaï, qui donna plusieurs rois à l'Afghanistan, Ghulam Haidar Hameedi s'était exilé au Pakistan puis aux États-Unis, après l'invasion soviétique de 1979.

Il n'était rentré des États-Unis qu'en 2006 pour être nommé à son poste par le président Karzaï, qui avait alors contourné le système prévoyant l'élection du maire par une assemblée locale. Ami d'enfance de la fratrie Karzaï, il était proche du chef de l'État et de ses frères.

«C'est une nouvelle perte importante pour le président Karzaï» à Kandahar, a déclaré à l'AFP Younus Fakoor, un analyste afghan natif de cette ville.

Jouissant d'une certaine popularité dans sa ville, ses partisans le décrivaient comme intègre et s'opposant à la corruption. M. Hameedi avait néanmoins agi en tant que maire au profit d'un projet immobilier très controversé initié à Kandahar par Ahmed Wali et Mahmoud Karzaï, autre frère du président, sur des terres appartenant au ministère de la Défense.

Cet attentat est le dernier en date d'une longue série contre des responsables de la région, fatale en janvier au vice-gouverneur de la province, Abdul Latif Ashna, puis en avril au chef provincial de la police, Khan Mohammed Mujahid.

Hameedi avait lui-même réchappé indemne en mars 2009 à l'explosion d'une bombe au passage de sa voiture. Son adjoint, Noor Ahmad Nazari, avait été tué par balle en octobre 2010.