Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé samedi que les Palestiniens étaient «contraints» de demander à l'ONU l'adhésion d'un Etat de Palestine à cause du refus d'Israël d'arrêter la colonisation et de négocier sur la base des frontières de 1967.

«Nous allons aux Nations unies parce que nous y sommes contraints et ce n'est pas une action unilatérale», a déclaré M. Abbas à l'ouverture d'une réunion de l'ensemble des représentants diplomatiques palestiniens à Istanbul, ajoutant: «Ce qui est unilatéral, c'est la colonisation israélienne».

«Avec (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu nous ne sommes pas parvenus à revenir aux négociations à cause de son refus de négocier sur les frontières de 1967 et d'arrêter la colonisation», a-t-il expliqué dans un discours, en présence du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

«Notre premier, deuxième et troisième choix, c'est le retour aux négociations», a-t-il répété.

«Pour obtenir des résultats significatifs, nous devons parler d'une seule voix», a estimé M. Abbas, assurant que la décision d'aller à l'ONU faisait l'objet d'un large consensus, «du Fatah (son parti, NDLR) au Hamas» islamiste.

«Inchallah, la réconciliation palestinienne aboutira avant que nous allions à l'ONU», a-t-il déclaré, en référence à la réconciliation conclue le 27 avril entre les deux mouvements, actuellement dans l'impasse.

«Comme le reste des peuples du monde (...) nous voulons être membres de l'Assemblée générale, membres de l'ONU, ni plus ni moins», a-t-il indiqué.

Faute de perspective sérieuse de reprise des négociations de paix avec Israël, enlisées depuis neuf mois, les Palestiniens comptent demander à l'ONU l'admission d'un Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, en septembre.

Un haut responsable palestinien a indiqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que les démarches seraient finalisées le 4 août lors d'une réunion restreinte du comité de suivi arabe à Doha, avec la participation du Qatar, de l'Egypte et de l'Arabie saoudite.

La lettre officielle sera envoyée à l'ONU durant la première semaine d'août, selon la même source.

M. Erdogan s'en est pour sa part pris à l'«intransigeance» d'Israël, qui tourne le dos selon lui à toute solution du conflit israélo-palestinien, et refuse de lever le blocus de Gaza.

«La tragédie provoquée par Israël à Gaza ne peut être expliquée. Il n'y a aucune autre réalité que celle de voir des femmes, enfants et civils innocents tués d'une manière barbare et inhumaine», a-t-il dit.

Il a en outre exclu une normalisation des relations avec Israël tant que ce pays ne s'excusera pas pour l'abordage dans les eaux internationales d'un navire turc d'une flottille humanitaire internationale, en mai 2010, qui avait coûté la vie à neuf activistes turcs.

Il a aussi réclamé des compensations pour les victimes de ce raid, et la levée du blocus de Gaza.

M. Erdogan a répété que son gouvernement islamo-conservateur, qui défend ardemment la cause palestinienne, appuierait la démarche palestinienne à l'Onu.

Mais, a-t-il insisté, «il faudrait d'abord que les Palestiniens se montrent unis», une allusion aux divisions entre le Fatah et le Hamas.

Les responsables palestiniens ont précisé qu'à l'ONU ils ne proclameraient pas unilatéralement un Etat, comme ils l'avaient fait à Alger en 1988, et qu'ils envisagent de contourner un veto des Etats-Unis au Conseil de sécurité à une adhésion d'un Etat de Palestine.

«Ce que l'on peut obtenir de l'Assemblée générale, c'est une résolution qui élèvera notre statut à l'ONU d'observateur à Etat non membre», a déclaré le  négociateur palestinien Saëb Erakat.

Cela permettrait notamment aux Palestiniens de participer aux différentes agences onusiennes (OMS, Unesco, Unicef, etc).