Le nouveau secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a entamé samedi une visite en Afghanistan, à une période charnière avec le départ programmé des premiers renforts américains et les premiers transferts de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes.

Moins de dix jours après sa prise de fonctions à la suite de Robert Gates, M. Panetta se rend dans le pays au coeur des préoccupations du Pentagone et du président Barack Obama, déterminé à sortir la tête haute d'un conflit vieux de bientôt dix ans.

Al-Qaïda, dont le sanctuaire afghan avait justifié l'intervention dans le pays en octobre 2001, n'a jamais été aussi affaiblie et la «victoire stratégique» contre le réseau extrémiste est «à notre portée», s'est félicité le nouveau chef du Pentagone dans l'avion le menant à Kaboul.

M. Panetta a estimé que l'élimination de 10 à 20 des principaux responsables d'Al-Qaïda, dont son nouveau chef Ayman al-Zawahiri réfugié, selon lui, dans les zones tribales du Pakistan, pourrait lui porter un coup fatal.

«Nous avons pu porter des coups à Al-Qaïda, nous avons pu par bien des aspects rendre l'Afghanistan à ses habitants plutôt que d'avoir les talibans aux commandes», s'est-il félicité.

Le général David Petraeus, commandant des forces de l'OTAN en Afghanistan, a de son côté évalué à «de 50 à 100» militants la présence résiduelle d'Al-Qaïda dans le pays, essentiellement dans les provinces orientales de Kunar et du Nouristan.

Forts des progrès - contestés - que la coalition affirme avoir faits face aux talibans, Barack Obama a annoncé le retrait d'un tiers du contingent américain - 33 000 hommes - d'ici fin septembre 2012, dont 10 000 doivent quitter le pays d'ici fin 2011.

Près de 100 000 soldats américains sont stationnés en Afghanistan, aux côtés de 47 000 autres militaires de l'OTAN, selon le Pentagone.

Ce début de retrait doit s'accompagner du transfert progressif de la responsabilité de la sécurité aux militaires et policiers afghans, dont les effectifs devraient atteindre 305 000 hommes en octobre.

Dans le cadre de ce processus dit «de transition», censé s'achever fin 2014 avec le départ des troupes combattantes de la coalition, l'OTAN commencera à transmettre fin juillet la responsabilité de la sécurité à l'armée et à la police afghanes dans trois provinces et quatre villes du pays.

M. Panetta, pour qui «la clé du succès en Afghanistan est une transition réussie avec les Afghans», s'est entretenu dans la soirée avec le président afghan Hamid Karzaï.

«Nous reconnaissons tous deux la nécessité d'un partenariat de longue durée» et d'une solution discrète des différents bilatéraux, a déclaré le secrétaire à la Défense. Le président afghan dénonce fréquemment en public certaines actions de la coalition, notamment la mort de civils afghans au cours d'opérations de l'OTAN.

«Le principal travail va être non seulement de continuer à pourchasser les talibans et leur direction, mais aussi de bâtir une force militaire en Afghanistan, qui puisse prendre en charge» la responsabilité de la sécurité, a estimé M. Panetta.

«Nous avons fait de bons progrès sur ce plan, mais je pense qu'il y a encore beaucoup de travail avant de pouvoir transférer» aux Afghans la responsabilité de la sécurité, a-t-il jugé.

Si, selon l'OTAN, les talibans ont été durement frappés dans les provinces de Kandahar et du Helmand, ces régions restent parmi les plus violentes du pays. Et plusieurs provinces de l'est, frontalières du Pakistan, restent la cible d'attaques d'insurgés venus de leurs sanctuaires pakistanais.

La capacité des forces afghanes à prendre le relais des forces internationales reste problématique et le gouvernement afghan est critiqué pour sa faiblesse et sa corruption.

Selon un rapport du Pentagone remis en avril au Congrès américain, 80% des unités de l'armée afghane sont considérées comme opérationnelles lorsqu'elles sont encadrées par des forces internationales. Aucune ne l'est seule, même si les Afghans ont une «confiance croissante» dans leur capacité à prendre le relais.