Plusieurs civils afghans ont été tués dans un bombardement aérien de l'Otan sur une maison de la province orientale de Khost, ont annoncé jeudi les services du gouverneur, le chef de la police provinciale évoquant lui le chiffre de 13 morts.

La Force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) a admis de son côté, sans fournir de bilan, avoir tué «non intentionnellement» des membres de la famille d'insurgés au cours d'une opération, «sous responsabilité de l'armée afghane», visant ces derniers.

«Nous sommes au courant d'un incident», a dit à l'AFP Mubarez Zadran, porte-parole du gouverneur de Khost, «nous avons envoyé une délégation pour vérifier les allégations de victimes civiles».

Selon le chef de la police, Sardar Mohamad Zazaï, des avions de l'Otan ont visé la maison après que des forces de l'Otan eurent essuyé des tirs provenant des environs du bâtiment.

«Huit femmes, quatre enfants et un homme ont été tués» lors de cette frappe, jeudi matin, a-t-il déclaré, précisant qu'avaient également été retrouvés, près de la maison, les corps d'un commandant du réseau Haqqani, la branche dominante de l'insurrection talibane dans la région, et de trois de ses combattants.

Selon l'Isaf, les forces de sécurité recherchaient un chef de ce réseau lorsqu'elle ont essuyé des tirs de roquettes et de fusil d'assaut, les obligeant à faire appel à un soutien aérien.

«La frappe aérienne qui a suivi a tué plusieurs insurgés et, de façon non intentionnelle, des membres de leurs familles», a poursuivi le porte-parole de l'Isaf, sans préciser si le chef recherché figurait parmi les insurgés tués.

À la suite de ces accusations, des manifestants ont bloqué la route reliant Khost, la capitale provinciale, à Kaboul.

Par ailleurs, l'Isaf a également annoncé jeudi enquêter, conjointement avec le gouvernement afghan, sur de possibles pertes civiles lors d'une autre frappe aérienne de l'Otan dans la province de Ghazni (sud-est).

Selon le gouverneur de Ghazni, Musa Khan Akbar Zada, deux civils ont été tués et un blessé lors d'une frappe menée par les forces étrangères».

L'Otan a admis avoir visé un insurgé, vu posant une bombe artisanale sur une route. «Bien que les rapports opérationnels indiquent que seul l'insurgé visé a été tué, l'Isaf prend ces allégations de pertes civiles au sérieux et, conjointement avec le gouvernement afghan, fait tous les efforts possibles pour y répondre», indique la coalition dans un communiqué.

Les pertes civiles sont un sujet sensible en Afghanistan, où dix ans de présence militaire étrangère alimentent le ressentiment anti-occidental.

M. Karzaï, confronté à une importante impopularité et dont les relations sont tendues avec ses alliés, reproche régulièrement à l'Otan ces bavures et l'accuse de mener ses opérations sans concertation avec l'armée afghane.

En mai, il avait lancé un «dernier avertissement» à l'Otan à ce sujet.

Les civils sont de loin les premières victimes du conflit afghan, bientôt vieux de dix ans.

Plus de 2700 civils ont été tués en 2010, selon l'ONU qui attribue les trois quarts de ces décès aux insurgés qui affrontent le gouvernement de Kaboul et la coalition internationale qui le soutient depuis fin 2001.