Israël était jeudi sur les dents à la veille de l'arrivée annoncée de militants propalestiniens à l'aéroport international de Tel Aviv après avoir réussi à tenir en échec une tentative de forcer symboliquement le blocus maritime de Gaza.

La police israélienne était en état d'alerte à l'aéroport Ben Gourion en prévision de l'arrivée à partir de jeudi soir de militants étrangers qui souhaitent exprimer leur solidarité avec les Palestiniens, selon des sources policières.

Sous la pression d'Israël, qui a menacé d'utiliser la force contre la flottille, les autorités grecques interdisent depuis vendredi le départ de tout bateau pour Gaza, invoquant la nécessité de «protéger les passagers».

Tout en relevant l'objectif dissuasif de la mobilisation policière à l'aéroport, les médias israéliens critiquaient jeudi son caractère excessif.

La radio publique s'alarmait d'une véritable «hystérie» des autorités et le quotidien à grand tirage Yediot Ahararonot titrait : «Nous sommes devenus cinglés», ironisant sur le fait qu'un «pays entier est sur les dents en attendant la venue d'une militante italienne octogénaire».

Un ancien porte-parole de l'armée, le député du parti centriste Kadima (opposition) Nahman Shaï, a déploré pour sa part à la télévision qu'«Israël continue à traiter comme une menace militaire des manifestations de civils non armés» telles qu'elles se produisent dans tout le monde arabe.

«Plusieurs centaines de policiers ont été déployés pour éviter tout désordre. Ils ont reçu pour consigne d'agir avec fermeté et retenue, en arrêtant sur le champ tout fauteur de troubles», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.

Ces policiers, dont des membres de l'unité d'élite chargée d'intervenir en cas d'attentat et des gardes-frontières, ont été envoyés en renfort des centaines d'agents de sécurité opérant régulièrement à l'aéroport.

«L'aéroport n'est pas un champ de bataille et en conséquence, les policiers n'ont pas été équipés de matraques, de grenades lacrymogènes» ou d'autre matériel antiémeutes, a toutefois précisé M. Rosenfeld.

Des associations de soutien aux Palestiniens ont appelé sur internet leurs sympathisants à converger le 8 juillet vers l'aéroport de Tel Aviv, afin de se rendre ensuite dans les territoires palestiniens, dont Israël contrôle tous les accès, à l'exception de la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte.

Les organisateurs de l'évènement ont expliqué qu'il s'agissait de marquer l'anniversaire de la décision, le 9 juillet 2004, de la Cour internationale de Justice (CIJ) selon laquelle la barrière de séparation construite par Israël en Cisjordanie est illégale.

Des centaines de militants attendus de France, de Belgique, d'Allemagne, du Royaume-Uni, des États-Unis et d'Italie doivent participer à cette opération «Bienvenue en Palestine», à l'invitation de 15 associations palestiniennes, selon les organisateurs.

Le ministre israélien de la Sécurité publique Yitzhak Aharonovitch a qualifié les militants propalestiniens de «hooligans» et prévenu qu'ils seraient immédiatement expulsés en cas de manifestation, une procédure déjà régulièrement appliquée par le passé.

En Grèce, le seul navire de la flottille à avoir pu prendre le large, le bateau français Dignité-Al Karama, était bloqué dans l'île de Crète (sud) par les autorités grecques.

Le Dignité Al-Karama transporte douze personnes, dont Olivier Besancenot, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) français, et Nicole Kiil-Nielsen, eurodéputée d'Europe-Ecologie-Les Verts (EELV).

Le navire a été convoyé au port de Sitia, en Crète, par des garde-côtes grecs après avoir été intercepté à quai dans un port voisin au moment où il faisait le plein», a déclaré à l'AFP une porte-parole des organisateurs, Claude Léostic.

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