La police israélienne a dispersé dimanche à Jérusalem les partisans d'un rabbin soupçonné d'incitation à «la violence et au racisme», qui avait été interpellé pendant quelques heures, a constaté un photographe de l'AFP.

Ces incidents surviennent quelques jours après la brève détention d'une autre personnalité religieuse juive, qui avait provoqué des manifestations violentes de ses partisans.

Dimanche matin, des policiers ont arrêté dans sa voiture à Jérusalem, pour interrogatoire, le rabbin Yaakov Yosef après qu'il eut refusé de répondre à plusieurs convocations.

«Nous avons interpellé le rabbin Yosef pour l'interroger sur des soupçons d'incitation à la violence et au racisme», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.

Le rabbin a été libéré après un interrogatoire de moins d'une heure, selon la police.

Ce qui n'a pas empêché un millier au moins de ses partisans de protester dimanche après-midi devant le domicile du rabbin, mettant le feu à des poubelles et bloquant la circulation, avant d'être dispersés par la police montée et des jets de canons à eau, selon un photographe de l'AFP.

Les policiers sont intervenus après que les manifestants ultraorthodoxes ont commencé à jeter des pierres sur les forces de l'ordre, a précisé le porte-parole de la police israélienne Micky Rosenfeld.

En début de matinée, après l'interpellation du rabbin Yosef, un petit groupe de manifestants avait déjà incendié des pneus et empêché la circulation d'un tramway à l'essai. Trois protestataires ont été interpellés, a précisé le porte-parole.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a fait allusion à la polémique et aux violences déclenchées par les rabbins ultras en réaffirmant, lors du conseil des ministres, qu'«Israël est une nation de lois». «Personne n'est au dessus de la loi et j'exhorte chaque citoyen israélien à respecter la loi», a-t-il dit.

Le rabbin Yosef avait donné son imprimatur à un livre dont la diffusion a été interdite, la «Torah du Roi», qui justifie le fait de tuer des civils innocents non-juifs en cas de conflit.

Lundi dernier, le rabbin Dov Lior de la colonie Kiryat Arba et de la communauté juive d'Hébron, en Cisjordanie occupée, avait été brièvement détenu pour le même motif.

En signe de protestation, des centaines de ses élèves et autres sympathisants d'extrême droite avaient organisé des rassemblements à Kiryat Arba et à Jérusalem, bloquant des artères de la Ville sainte. Ces manifestations avaient dégénéré en violences, les protestataires se heurtant à la police qui en avait interpellé une vingtaine.

Le rabbin Lior est considéré comme le chef spirituel des colons les plus radicaux. Il avait lancé en 1995 les pires anathèmes contre le premier ministre de l'époque Yitzhak Rabin et avait été alors soupçonné d'avoir influencé son assassin, Yigal Amir.

Le rabbin Yaakov Yosef est le fils du chef spirituel du parti séfarade ultra orthodoxe, Shass, qui fait partie de la coalition de droite au pouvoir, le rabbin Ovadia Yosef.

Soutenus par les milieux orthodoxes, les deux rabbins détenus brièvement estiment qu'ils n'ont pas à s'expliquer devant la police sur un avis à caractère religieux qu'ils ont pu prononcer.

Les autorités judiciaires, soutenues par les milieux laïcs, estiment en revanche que la liberté d'expression a ses limites et que des rabbins ne sont pas au-dessus des lois, quand bien même ils baseraient leurs opinions sur des textes traditionnels.