Le chef du Hezbollah libanais a exclu samedi l'arrestation de quatre suspects de son mouvement cités dans les mandats d'arrêt émis par le tribunal de l'ONU enquêtant sur l'assassinat du dirigeant Rafic Hariri, affirmant rejeter toute décision émanant de cette instance.

«Aucune force ne pourra arrêter ceux qui sont mentionnés dans l'acte d'accusation (...). Il ne sera pas possible de les arrêter ni dans 30 jours, ni dans 30 ans ni dans 300 ans», a dit Hassan Nasrallah dans un discours de plus d'une heure retransmis en direct par la télévision du Hezbollah, Al-Manar

«Nous rejetons le tribunal international et toutes les accusations nulles et non avenues qui émanent de cette instance», a-t-il poursuivi, accusant le tribunal spécial pour le Liban (TSL) d'être «politisé, à «la solde d'Israël» et l'enquête d'être «truquée».

«Les choses iront jusqu'au procès par contumace, le verdict est déjà prêt», a-t-il encore dit, estimant que le tribunal cherchait «à porter atteinte au Hezbollah».

Les quatre membres du Hezbollah mentionnés dans l'acte d'accusation du tribunal «ont un passé honorable dans la lutte contre l'occupation» israélienne, a ajouté le chef du puissant parti chiite armé, un allié des régimes syrien et iranien.

Le TSL a remis jeudi un acte d'accusation sous scellé et quatre mandats d'arrêt au procureur général à Beyrouth Saïd Mirza. Le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel a confirmé le lendemain les noms des quatre suspects du Hezbollah: Moustafa Badreddine, Salim Ayyash, Assad Sabra et Hussein Anaissi.

On ignore où se trouvaient les quatre hommes.

La réaction du chef du Hezbollah ne constitue pas une surprise dans la mesure où il avait dès 2010 dit s'attendre à ce que son mouvement soit mis en cause par le TSL et menacé de «couper la main» de celui qui arrêtera des membres du parti chiite.

Depuis, le Hezbollah a lancé une campagne de dénigrement du TSL, l'accusant d'être «à la solde d'Israël et des États-Unis», qui le considèrent comme une organisation terroriste. Il avait aussi prévenu à plusieurs reprises qu'il ne resterait pas les bras croisés si l'un de ses membres était arrêté.

Le Hezbollah et ses alliés ont fait tomber en janvier le gouvernement de Saad Hariri, fils de Rafic, après avoir tenté en vain de le pousser à désavouer le tribunal mis en place par l'ONU pour enquêter sur l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri dans un attentat à Beyrouth en 2005.

L'émission des mandats d'arrêt survient à un moment délicat pour le Hezbollah car son puissant allié, le président syrien Bachar al-Assad, est confronté à une contestation populaire inédite depuis la mi-mars.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a appelé vendredi toutes les parties au Liban à «coopérer» avec le tribunal spécial de l'ONU.

Photo: AFP/Al-Manar

Le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah.