Israël a marqué samedi le 5e anniversaire de la captivité de son soldat Gilad Shalit avec des rassemblements de solidarité à Jérusalem et à la frontière de la bande de Gaza, sans nouvelle du jeune homme, ni perspective de libération prochaine malgré les appels internationaux.

Des centaines d'Israéliens se sont retrouvés au poste-frontière de Kerem Shalom, limitrophe du territoire palestinien, et devant la tente érigée par les parents du sergent Shalit à Jérusalem, tout près de la résidence officielle du Premier ministre Benjamin Nétanyahou.

En fin de soirée, les parents du soldat, Noam et Aviva Shalit, étaient toujours symboliquement enchaînés à quelques mètres de la maison de M. Nétanyahou, à proximité de laquelle ils campent depuis un an.

«Nous sommes une famille en captivité depuis déjà cinq ans. Nous resterons là aussi longtemps qu'il le faudra», a affirmé Noam Shalit.

À Kerem Shalom, le comité de soutien a lu une lettre de Zvi Shalit, le grand-père, dans laquelle il demande à M. Nétanyahou d'accepter un échange de prisonniers palestiniens contre la libération de son petit-fils.

«Pour nous, il est évident qu'en refusant le compromis, le Premier ministre joue tous les jours avec la vie de mon petit-fils et la met en danger», dénonce-t-il.

Ailleurs, dans un studio de télévision de Tel-Aviv, 24 personnalités israéliennes (acteurs, sportifs, anciens responsables sécuritaires et écrivains) passaient à tour de rôle une heure dans une cellule sombre afin de dire «il ne reste plus beaucoup de temps pour agir».

La solidarité s'est aussi transportée sur la scène internationale.

Le président Nicolas Sarkozy a écrit au soldat israélien, qui a la nationalité française, pour lui assurer que «la France ne l'abandonnerait pas à son sort».

«C'est à vous aujourd'hui que je souhaite m'adresser directement, car je n'accepte pas cet isolement que vos geôliers vous imposent depuis cinq ans, en violation de toutes les normes de droit international et des plus élémentaires principes d'humanité», affirme M. Sarkozy dans une lettre remise par l'ambassadeur de France en Israël, Christophe Bigot, à la famille Shalit.

M. Sarkozy exhorte les ravisseurs de Gilad Shalit à «mettre fin au sort si injuste qui vous est fait» et à «laisser sans délai le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) vous rencontrer».

«La France ne vous abandonnera pas à votre sort et n'aura de cesse d'agir, avec d'autres y compris dans le monde arabe, pour que finisse ce calvaire injustifiable», promet la lettre.

«L'esprit du printemps arabe, l'esprit de liberté, doit valoir pour tous», a déclaré à l'AFP M. Bigot.

Un portrait de Gilad Shalit a été installé samedi devant l'Hôtel de Ville de Paris.

Le tankiste de 24 ans a été capturé en bordure de la bande de Gaza le 25 juin 2006 par un commando de trois organisations paramilitaires palestiniennes, dont l'une relevant du mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans le territoire palestinien.

Depuis 1826 jours, il est détenu au secret, sans aucune visite de la Croix-Rouge qui a récemment demandé «la preuve» qu'il est «vivant». Le dernier signe de vie remonte à octobre 2009 dans une vidéo.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, la Maison Blanche et l'UE ont également réclamé la «libération immédiate» de Gilad Shalit.

Mais à Gaza, territoire déshérité, sous blocus depuis l'enlèvement du militaire israélien, la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a répondu dans un communiqué que l'Israélien «ne verra pas la lumière du jour» tant que des prisonniers palestiniens ne seront pas relâchés.

«La Croix-Rouge demande la libération de Shalit. Nous demandons à la Croix-Rouge si elle a entendu parler des 7000 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes», pouvait-on lire sur une banderole à Gaza.