Depuis cinq ans, l'enlèvement de Gilad Shalit, à la frontière de la bande de Gaza, interpelle les Israéliens. Ils demandent aujourd'hui à leur gouvernement de tout faire pour lui permettre de recouvrer la liberté. Quitte à relâcher 1000 prisonniers palestiniens en échange.

Cela fait 1823 jours. Un panneau accroché face à la résidence officielle du premier ministre israélien garde le compte des jours écoulés depuis l'enlèvement du soldat Gilad Shalit à la lisière de la bande de Gaza, le 25 juin 2006.

Ses proches maintiennent une pression constante sur le gouvernement pour assurer son retour. Avec des bénévoles, ils ont installé une tente près de la maison de Benyamin Nétanyahou. Toute la journée, des gens viennent manifester leur soutien au soldat de 24 ans, signer une pétition en sa faveur, acheter un t-shirt à son effigie ou nouer un ruban jaune à un arbre.

Depuis cinq ans, la cause de Gilad Shalit, enlevé par un commando de trois groupes palestiniens armés - dont l'un relevait du Hamas - rallie les Israéliens.

Selon un récent sondage, 63% d'entre eux seraient prêts à accepter les conditions du Hamas pour sa mise en liberté - soit la libération de 1000 détenus palestiniens. Quelque 450 prisonniers seraient choisis par le mouvement islamiste et sont considérés par Israël comme des «terroristes ayant du sang israélien sur les mains».

Prêt à tout

Noam Shalit, que La Presse a rencontré près de la tente dédiée à son fils, serait prêt à tout pour le retrouver, même si l'échange semble le rendre mal à l'aise. «Je serais content s'il y avait une autre solution, confie-t-il. Mais deux gouvernements successifs ont échoué à trouver une autre solution ou à obtenir une autre forme d'influence. Mais bon, il y a parmi ces 450 prisonniers des meurtriers, des gens condamnés à plusieurs peines de prison à vie... C'est le noeud du problème.»

L'entente a semblé sur le point d'être conclue il y a près de deux ans. Mais les négociations ont achoppé sur le choix des prisonniers et le lieu de leur mise en liberté.

Dans un pays où le service militaire est obligatoire pour tous, hommes et femmes, la détention du soldat Shalit touche une corde sensible. L'armée israélienne a pour principe de ne jamais abandonner l'un des siens.

«Il n'y a pas de prix pour un soldat israélien, tranche Naomi Lifshitz, bénévole depuis un an auprès de la famille Shalit. Le premier ministre a brisé les règles. Comme mère, je fais confiance à l'armée, je leur remets mes enfants en pensant qu'ils vont me les ramener.» Ses jumeaux de 21 ans achèvent actuellement leur service militaire.

La libération potentielle de criminels ne l'inquiète pas outre mesure. «C'est plus important de garder nos valeurs», croit-elle

Garder espoir

Les échanges de détenus pour la libération de soldats ne sont pas inédits en Israël. En 2008, le gouvernement avait accepté de libérer cinq prisonniers et de remettre les restes de combattants en échange de ses deux soldats capturés deux ans plus tôt par le Hezbollah libanais.

Les craintes du gouvernement s'étaient confirmées lorsque la Croix-Rouge avait apporté deux cercueils sur les lieux de l'échange.

Même si la dernière preuve que Gilad Shalit est en vie remonte à l'automne 2009, son père garde espoir. «Nous n'avons pas le privilège de nous retirer de cette bataille et de rester à la maison, parce que sinon, nous savons que nous ne reverrons jamais Gilad revenir vivant», dit Noam Shalit.