La communauté internationale appelait lundi à la «retenue» et à éviter les «provocations» dans le Golan, au lendemain de tirs israéliens sur des réfugiés palestiniens et des Syriens qui tentaient de franchir la ligne de cessez-le-feu.

L'armée israélienne, placée en état d'alerte, contestait par ailleurs le bilan de 23 morts et 350 blessés annoncé par Damas.

«La Syrie dénonce fermement l'attaque flagrante hier (dimanche) contre des civils sans armes, Syriens et Palestiniens, rassemblés sur la ligne de démarcation dans le Golan occupé», a affirmé lundi le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué.

«L'agression a fait un grand nombre de tués et de blessés (...)  et dévoilé la réalité du terrorisme d'État pratiqué par Israël», selon Damas.

«Nous avons connaissance qu'une dizaine des victimes annoncées hier par les Syriens ont été tuées par l'explosion de mines syriennes déclenchées par des cocktails Molotov qu'ils ont utilisés dans la zone de Quneitra», dans la partie non occupée du Golan, a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Avital Leibovitz.

Sans se prononcer sur les victimes éventuelles de tirs israéliens, la porte-parole a souligné que «les tirs à balles réelles visaient des gens qui avaient l'intention d'abattre la clôture ou de la franchir».

Israël, qui veut déposer une plainte à l'ONU contre la Syrie, soupçonne le régime de Damas de vouloir faire diversion de la répression meurtrière de la contestation dans le pays.

«À mon regret, la Syrie n'a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher cette provocation et leur a finalement permis d'atteindre la frontière», a déploré le premier ministre Benyamin Nétanyahou, en référence à la ligne de cessez-le-feu séparant la partie occupée du Golan du reste de la Syrie.

«Peut-être s'agit-il d'une tentative de détourner l'attention internationale du massacre de civils perpétré dans les villes de Syrie», a-t-il déclaré aux journalistes au Parlement israélien.

«Nous n'avons pas le choix, nous devons défendre notre frontière et à mon avis (le président syrien Bachar) Assad finira par tomber», a indiqué pour sa part le ministre israélien de la Défense Ehud Barak à la radio.

Des centaines de protestataires, agitant des drapeaux palestiniens et syriens, ont tenté de franchir des barbelés avant un champ de mines, tout près de Majdal Chams, dans la partie occupée du Golan, pour l'anniversaire de la «Naksa», la défaite arabe lors de la guerre des Six Jours en juin 1967.

Le secrétaire général de l'ONU Ban ki-Moon a appelé «toutes les parties à un maximum de retenue et à l'observation stricte des lois humanitaires internationales pour assurer la protection des civils».

La Grande-Bretagne «reconnaît le droit d'Israël à se défendre», selon un communiqué de son chef de la diplomatie William Hague, jugeant toutefois «vital que toute réponse soit proportionnée, évitant l'usage de la force létale à moins qu'elle ne soit absolument nécessaire, et que le droit de manifester soit respecté».

La France «déplore vivement les violations de la zone de séparation entre Israël et la Syrie et l'usage disproportionné de la force pour y répondre», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero.

«Nous appelons toutes les parties à la retenue. Des actes de provocation comme ceux-ci doivent être évités», avait réagi dimanche le département d'État américain, soulignant qu'«Israël, comme tous les États souverains, a le droit de se défendre», bien que les incidents ne se soient pas produits sur son territoire.

Israël a conquis en juin 1967 le Sinaï égyptien, restitué en 1982, le Golan syrien et les territoires palestiniens: la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza.