Le Parlement iranien s'est prononcé mercredi par 165 voix contre 1 pour des poursuites judiciaires contre le président Mahmoud Ahmadinejad, accusé d'avoir violé la Constitution en se nommant ministre du Pétrole par intérim.

On ignore à ce stade si une plainte sera déposée contre le président iranien. Le mois dernier, Ahmadinejad avait suscité la colère du Conseil des gardiens, garant de la Constitution, en se désignant ministre du Pétrole par intérim après le limogeage du titulaire du portefeuille, Masoud Mirkazemi, lors d'un remaniement ministériel. Un rapport d'une commission parlementaire avait conclu à «une violation manifeste de la Constitution».

Le vote de mercredi montre que la majorité des députés soutiennent le Conseil des gardiens. L'ensemble des 290 élus n'ont toutefois pas participé au vote, beaucoup étant absents de l'hémicycle ou s'étant abstenus.

Le président iranien a le droit de limoger des ministres et de nommer des remplaçants par intérim dans un délai de trois mois sans avoir besoin de l'accord du Parlement. Mais en se nommant lui-même ministre du Pétrole par intérim, il a pris une décision illégale, selon les députés, alors que l'Iran occupe cette année la présidence tournante de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

«Cette action illégale et hâtive va nuire aux intérêts de la République islamique d'Iran au niveau mondial, estime le rapport de la commission parlementaire. En tant que ministre du Pétrole (par intérim), Ahmadinejad a donné et va continuer à donner des ordres qui sont manifestement des interférences illégales.»

Autre signe de tension entre le Parlement et le président: une cinquantaine de députés ont signé une pétition appelant Ahmadinejad à venir s'expliquer devant le Parlement. Au moins un quart des élus doivent la signer pour obliger le président à se présenter devant les députés afin de répondre à leurs questions, ce qui serait une première depuis la Révolution islamique de 1979.

Les auteurs de la pétition souhaitent qu'Ahmadinejad réponde à une longue liste d'accusations, comme son refus d'appliquer des lois votées au Parlement, le retrait de fonds publics sans autorisation et un manque présumé de transparence dans les dépenses budgétaires.

Ces initiatives semblent s'inscrire dans le cadre d'une lutte de pouvoir en Iran avant les élections législatives de l'an prochain et la présidentielle de 2013.