Au moins dix personnes ont péri jeudi dans des violences en Irak, dont le directeur général d'un comité controversé chargé de traquer les anciens membres du parti Baas, qui a été assassiné à Bagdad alors qu'il rentrait chez lui.

Ali al-Lami, qui dirigeait le Comité responsabilité et justice (CRJ), se trouvait dans une voiture conduite par son frère quand des inconnus ont ouvert le feu sur lui dans l'est de la capitale, a déclaré à l'AFP l'un de ses amis, Entifadh Qanbar, qui s'était présenté sur la même liste chiite que lui lors des législatives de mars 2010.

Ce décès a été confirmé sous le couvert de l'anonymat par un haut responsable irakien du contre-terrorisme et par un responsable du ministère de l'Intérieur.

«C'est une grande perte pour l'Irak, une grande perte pour nous. Nous avons perdu un véritable ami», a déclaré M. Qanbar par téléphone.

«Apparemment, ils ont été suivis de près par une voiture qui les a interceptés. Ils lui ont tiré une balle dans la tête avec des armes équipées de silencieux et il est mort à l'hôpital 20 minutes plus tard, à 20h» (11h, heure de Montréal), a dit M. Qanbar, parlant d'une opération «minutieusement préparée».

Son frère n'a pas été blessé, selon M. Qanbar.

Né à Bagdad en 1964, Ali Saïf Hamad al-Lami avait fait des études de mathématiques.

Il avait indiqué à l'AFP en février 2010 avoir été arrêté par les services de sécurité de l'ancien régime après l'échec de la révolte chiite dans le sud irakien en 1991, puis lors de cérémonies de deuil consécutives au décès de l'ayatollah Mohamed Sadeq al-Sadr en 1999. Après cette dernière interpellation, il avait passé trois ans en prison.

M. Lami était marié et avait six enfants.

Avant les dernières législatives, le CRJ avait disqualifié plusieurs centaines de candidats pour des liens présumés ou apologie du parti interdit de l'ancien président irakien.

Le CRJ avait essuyé de vives critiques pour ces disqualifications, ses membres étant accusés de tenter de discréditer la communauté sunnite qui avait boycotté les législatives de 2005.

Ali al-Lami et le président du CRJ, Ahmad Chalabi, avaient eux-mêmes été candidats sur la liste de l'Alliance nationale irakienne (ANI), une coalition de partis chiites conservateurs, aux législatives. M. Chalabi avait été élu, mais pas M. Lami.

Après le scrutin, le gouvernement avait annoncé sa volonté de modifier la composition du comité.

Au moins neuf autres Irakiens ont péri jeudi dans plusieurs autres attentats, notamment à Garma, où trois gradés de la police irakienne -deux lieutenants-colonels et un capitaine- ont été tués par une bombe artisanale, selon la police locale.

Un autre engin a par ailleurs visé une patrouille de police dans la ville de Samarra, à 110 km au nord de Bagdad, tuant trois policiers et en blessant un autre, selon le commandement des opérations de la province de Salaheddine.

À Abou Ghraïb, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, c'est une patrouille de l'armée qui a été visée par un attentat suicide. Deux militaires ont été tués et 13 personnes ont été blessées, dont une majorité de militaires, selon le responsable du ministère de l'Intérieur.

À Bagdad, un colonel travaillant pour le ministère de l'Intérieur a été assassiné en fin de journée dans le centre de la capitale.

Les violences en Irak sont sans commune mesure avec le niveau qu'elles avaient atteint en 2006 et 2007, au plus fort des affrontements confessionnels, mais les attentats demeurent quotidiens dans ce pays. En avril, 211 Irakiens ont péri dans ces violences, selon des chiffres communiqués par plusieurs ministères irakiens.