Une guerre des nerfs se prépare dans les eaux bleues de la Méditerranée. Alors que l'armée israélienne se dit prête à tout pour faire respecter le blocus maritime de Gaza, près de 1000 militants pro-palestiniens s'activent pour organiser une nouvelle flottille qui tentera de défier l'État hébreu.

Tahrir. Ou «liberté» en arabe. C'est le nom que porte la grande place du Caire qui a été le théâtre du soulèvement pro-démocratique en Égypte. C'est aussi le nom symbolique que portera le bateau canadien qui voguera à la mi-juin de la Grèce à la Bande de Gaza avec le but avoué de briser le blocus maritime israélien imposé au territoire palestinien depuis 2007.

Après des mois d'activités de financement ayant permis d'amasser 270 000$, les organisateurs de cette mission ont annoncé cette semaine qu'ils ont complété l'achat et l'enregistrement d'un navire de 25 mètres. Une délégation de 50 personnes, dont une quarantaine de Canadiens et une poignée de Danois, Belges et Australiens, monteront à bord le mois prochain et vogueront vers la côte gazaouie. Ils affirment vouloir livrer du courrier, du matériel scolaire et des médicaments aux 1,5 million d'habitants du territoire palestinien, occupé par l'armée israélienne.

«Nous avons choisi d'appeler le bateau Tahrir pour deux raisons. D'abord pour la notion de liberté qui est au coeur de l'idée de briser le blocus israélien. C'est aussi un clin d'oeil au mouvement de démocratisation de la région», expliquait hier Stephan Corriveau, un porte-parole du Bateau canadien pour Gaza.

Le Tahrir ne sera pas seul en Méditerranée. Une quinzaine de navires, avec à leur bord un millier de militants pro-palestiniens, doivent se joindre à la flottille qui se mettra en route un peu plus d'un an après qu'une initiative semblable ait tourné au drame. Le 31 mai 2010, une intervention de l'armée israélienne sur le plus gros bateau de la précédente flottille, le Mavi Marmara, a fait neuf morts, tous turcs. Le navire désormais célèbre, propriété de l'organisation islamique turque, IHH, sera de la nouvelle mission.

Affirmant qu'elles craignent que la flottille ne livre des armes au gouvernement du Hamas dans la Bande de Gaza, les autorités israéliennes indiquent qu'elles comptent à nouveau intercepter les navires qui tenteront de briser le blocus. À cet effet, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a demandé cette semaine aux forces armées israélienne de «faire les préparations nécessaires pour faire respecter le blocus maritime de Gaza».

Les organisateurs du Bateau canadien pour Gaza voient des menaces de mort dans les récents énoncés du gouvernement israélien et demandent au gouvernement canadien de s'y objecter. Cet appel n'émeut pas le gouvernement conservateur qui, dans un énoncé laconique envoyé par courriel à La Presse, soutient qu'il « appuie le droit d'Israël d'empêcher les transferts de matérial militaire et d'armement d'atteindre le Hamas ou d'autres organisations terroristes » et exhorte les militants pro-palestiniens à utiliser les «voies établies» pour fournir des biens humanitaires à Gaza.

L'an dernier, aucune arme n'a été trouvée à bord des navires de la flottille arraisonnés par Israël.