Au moins 21 policiers ont péri jeudi matin dans un attentat suicide à la voiture piégée contre un poste de police au sud de Bagdad au moment où l'Irak redoute les actes de représailles d'Al-Qaïda après l'élimination au Pakistan de son chef Oussama ben Laden.

Cette attaque, la plus meurtrière en plus d'un mois en Irak, n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais son mode opératoire porte la marque de la branche irakienne de la nébuleuse extrémiste. Elle pose de nouveau la question de la capacité de l'Irak à assumer sa sécurité, à moins de huit mois du retrait prévu des troupes américaines.

Il était environ 7h (minuit à Montréal) quand un kamikaze est parvenu à franchir l'entrée principale d'un poste de police du centre de Hilla, une ville à majorité chiite à 95 km au sud de Bagdad, avant de faire exploser son véhicule quatre mètres plus loin.

«Le kamikaze a profité de la relève de la garde pour attaquer», a déclaré Haidar al-Zazour, responsable de la commission de la sécurité du conseil de la province de Babylone, dont Hilla est la capitale.

Au total, 21 policiers ont été tués, et 75 autres blessés, dont 30 sont dans un état grave, a indiqué un haut responsable du principal hôpital de la ville.

Cet attentat rappelle celui commis le 14 mars dans la localité de Kanaan, au nord-est de Bagdad, quand un kamikaze avait attaqué une base militaire à l'aube, au moment où les sentinelles se relevaient, et où la sécurité était la plus faible. Onze militaires avaient péri dans cette opération revendiquée par l'État islamique en Irak, branche locale d'Al-Qaïda.

Jeudi à Hilla, l'explosion du véhicule chargé de 150 kilos d'explosifs selon le président de l'assemblée provinciale, Kazim Majid Toumane, a fortement endommagé la façade et plusieurs parties du poste de police, de même que plusieurs maisons et magasins des environs.

Un cratère de deux mètres de diamètre était également visible, a observé un journaliste de l'AFP avant que les services de sécurité ne bouclent la zone.

Le niveau de sécurité a été relevé en Irak après la mort d'Oussama ben Laden dans la nuit de dimanche à lundi lors d'un raid d'un commando américain contre la maison où il se cachait.

«Nous avons renforcé la sécurité autour des bâtiments gouvernementaux, car nous craignons des opérations de représailles d'Al-Qaïda», a déclaré à l'AFP Mouqdad al-Moussaoui, porte-parole de la police de la province de Najaf, voisine de Babylone. «L'attaque de ce matin a prouvé qu'Al-Qaïda était prête à venger la mort d'Oussama ben Laden.»

Des responsables des provinces de Kirkouk (nord), Missane, Mouthanna, Zi Qar, Kerbala et Bassora (sud), ont également fait état de mesures similaires.

Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier en Irak depuis le 29 mars, quand un commando d'Al-Qaïda avait pris d'assaut un conseil provincial au nord de Bagdad, tuant au moins 58 personnes.

Les violences ont nettement diminué par rapport au plus fort des heurts confessionnels, en 2006 et 2007, mais les attentats y demeurent néanmoins quotidiens.

Jeudi, au moins quatre personnes ont péri dans d'autres actes de violence.     Les États-Unis comptent toujours 45 000 militaires américains déployés en Irak, où ils se consacrent essentiellement, depuis la fin de leur mission de combat en août, à la formation et au conseil des forces de sécurité locales.

Les dirigeants américains ont plusieurs fois répété qu'ils étaient ouverts à une possible prolongation de la mission militaire en Irak, mais noté que leurs homologues irakiens devaient en faire la demande et que le temps était désormais compté.