Les rivaux palestiniens du Fatah et du Hamas ont célébré mercredi la fin de quatre années d'antagonisme et de violences fratricides, un rapprochement dénoncé par Israël comme un «coup dur» pour la paix.

«Nous annonçons que nous tournons pour l'éternité la page noire de la division», a déclaré le président palestinien et chef du Fatah Mahmoud Abbas, lors d'une cérémonie au Caire marquant la conclusion d'un accord de réconciliation avec les islamistes du Hamas.

M. Abbas a sommé Israël de «choisir entre la colonisation et la paix», l'accusant d'exploiter «la fin de la division (palestinienne) pour éviter des discussions de paix», interrompues depuis sept mois.

Le chef du bureau politique du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, a déclaré de son côté que «notre seul combat est contre Israël», assurant que le temps des divisions était révolu.

Le Hamas participera à la lutte pour l'«établissement d'un État palestinien (...) en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avec Jérusalem pour capitale, sans renoncer à un pouce ni au droit au retour» des réfugiés, a-t-il souligné.

La dernière rencontre entre les deux frères ennemis remonte à avril 2007, quelques semaines avant la prise de contrôle en juin de la bande de Gaza par le Hamas, qui avait consommé la rupture. L'Autorité palestinienne de M. Abbas ne contrôlait depuis que les zones autonomes de la Cisjordanie.

La cérémonie s'est tenue en présence du secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, du coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry et de trois députés arabes israéliens.

L'accord a été célébré par des manifestations de joie de jeunes Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Une étudiante a assuré qu'il s'agissait «d'un des jours les plus importants de la cause palestinienne» au moment où les rues de Gaza ont retenti de coups de klaxons, parfois de tirs en l'air, et de pétards.

Signe de cette détente, la chaîne de télévision du Hamas a été autorisée à transmettre en Cisjordanie, et celle de l'Autorité palestinienne à Gaza, après quatre ans d'interruption.

L'accord, paraphé le 27 avril par le Fatah et le Hamas et signé mardi au Caire par l'ensemble des factions palestiniennes, prévoit la constitution d'un gouvernement de technocrates, en vue d'élections présidentielle et législatives d'ici un an.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, en visite à Londres, a dénoncé «un coup dur pour la paix et une grande victoire pour le terrorisme».

Mais le Royaume-Uni a pris le contre-pied de M. Nétanyahou en estimant que l'accord de réconciliation pouvait être «un pas en avant».

La communauté internationale, qui a accueilli favorablement l'accord, a néanmoins pressé le Hamas d'accepter les principes du Quartette (ONU, États-Unis, Union européenne, Russie) exigeant une reconnaissance d'Israël, la renonciation à la violence et le respect des accords de paix.

«Tous les Européens, les Russes et les autres comprennent et s'entendent à 100% avec nous sur le fait que les règles du Quartette sont impraticables et n'ont pas de sens», a néanmoins déclaré un haut responsable du Fatah, Nabil Chaath.

«Tout ce que le Quartette a besoin de savoir, c'est que le Hamas s'abstiendra de toute violence et sera intéressé au processus de paix», a-t-il estimé.

Le chef des renseignements égyptiens Mourad Mouafi, principal médiateur de l'accord, a assuré que les Palestiniens étaient «certains de réussir» tant qu'ils seraient «unis».

Le premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a affirmé que son mouvement était «complètement prêt à mettre en application l'accord sur le terrain».

Mais Youval Diskin, le chef sortant du Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien a jugé «quasi nulles» les chances d'une véritable réconciliation qui aboutisse à «une connexion» entre Gaza et la Cisjordanie «d'ici deux ou trois ans».