Les forces de sécurité ont donné l'assaut mardi au principal établissement pénitentiaire du Liban pour tenter de mettre fin à une mutinerie après l'échec des négociations avec les prisonniers qui réclament de meilleures conditions de détention et retiennent des gardiens.

Selon une source de sécurité, «une équipe spéciale des Forces de sécurité intérieure tente de maîtriser la mutinerie à la prison de Roumieh après y avoir donné l'assaut. Elle a réussi à prendre le contrôle d'un bâtiment où sont détenus des islamistes et cherche à faire de même dans deux autres bâtiments».

«Les mutins détiennent un nombre de gardiens», a-t-elle ajouté sans donner de chiffre, alors que l'assaut se poursuivait dans la soirée.

Selon l'aumônier général des prisons, le père Marwan Ghanem, trois gardiens sont retenus depuis lundi soir. «Ils sont en bonne santé. Les prisonniers les considèrent comme leurs frères, ils veulent juste faire pression» sur les autorités.

«Les gardes ne sont pas menacés», a indiqué un responsable de la sécurité.

La mutinerie avait éclaté samedi dans la prison surpeuplée de Roumieh, qui rassemble à elle seule 65% des détenus du pays, les émeutiers réclamant une amnistie et l'amélioration des conditions de détention. Elle avait pris fin dimanche avec des promesses de satisfaire leurs revendications avant de reprendre lundi soir.

L'assaut a été donné après l'échec des négociations avec les détenus qui exigent «l'amnistie générale pour l'ensemble des prisonniers», selon l'agence nationale d'information ANI.

L'amnistie est accordée par le vote d'une loi. Or, les institutions de l'État sont paralysées en l'absence de gouvernement depuis la chute du cabinet d'union de Saad Hariri en janvier après un bras de fer avec le camp Hezbollah.

Devant la prison au nord-est de Beyrouth, quelque 70 proches de prisonniers en colère ont manifesté bloquant la route à l'établissement en brûlant des pneus.

Des accrochages ont éclaté entre les manifestants et les forces de sécurité qui les empêchaient d'entrer dans la prison, alors que de la fumée se dégageait d'un des bâtiments.

Samedi, les prisonniers avaient incendié des matelas et cassé des portes et fenêtres.

Plusieurs mutineries ont éclaté ces dernières années dans les prisons du Liban en raison notamment de l'exiguïté des cellules et du manque de personnel. La justice est en outre très lente, certains détenus restent en prison des années avant le début de leur procès.

La prison de Roumieh, conçue pour accueillir 1500 détenus, en abrite près de 4000, pour près de 200 gardiens. Quelque 700 prisonniers seulement ont été condamnés.

Certains condamnés ont accès à un traitement privilégié à la faveur d'un système pénitentiaire miné par la corruption et le laxisme.

«Je suis très solidaire avec ces revendications. Nous prenons notre temps pour régler la question pour qu'aucune goutte de sang ne soit versée», avait affirmé auparavant le ministre de l'Intérieur, Ziad Baroud.

Dans la Békaa (est), la police a réussi à mettre fin à une mutinerie dans une prison du village de Jeb Jennine, où les détenus ont mis le feu à leurs matelas et effets personnels réclamant une amnistie, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Le Centre libanais pour les droits de l'homme a appelé les autorités à agir rapidement pour régler cette situation, jugeant «inacceptables» les conditions de détention.