Le club des monarchies arabes du Golfe tient dimanche à Ryad une réunion extraordinaire pour rappeler sa solidarité face à l'Iran chiite soupçonné de chercher à déstabiliser ses voisins sunnites.

La réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) intervient après des prises de position musclées de plusieurs de ses membres contre Téhéran accusé d'entretenir un réseau d'espionnage au Koweït et de soutenir en sous-main la contestation des chiites de Bahreïn où règne la vieille monarchie sunnite des Al-Khalifa.

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, de Bahreïn, des Émirats arabes unis, d'Oman, du Qatar et du Koweït vont débattre des «ingérences de l'Iran» dans leurs affaires.

«La poursuite des ingérences de l'Iran dans les affaires intérieures des pays du CCG constitue une menace pour la sécurité et la stabilité régionales», a affirmé le nouveau secrétaire du CCG, Abdellatif al-Zayani.

La création même de ce club en 1981 était motivée par la crainte d'une exportation de la révolution iranienne chez ses voisins conservateurs et franchement hostiles au réveil d'un islam chiite et politisé.

Le Koweït a décidé jeudi l'expulsion de diplomates iraniens accusés d'avoir comploté contre la sécurité de l'émirat. La mesure est intervenue après la condamnation à mort par une cour koweïtienne de deux Iraniens et d'un Koweïtien accusés d'espionnage au profit de Téhéran.

Selon M. Zayani, la découverte de ce réseau d'espionnage n'est «qu'un maillon dans la chaîne des ingérences iraniennes».

L'Arabie saoudite a pour sa part accusé l'Iran de s'ingérer dans les affaires des pays du Golfe, après un communiqué de la Commission des affaires étrangères du Parlement iranien qui demandait le retrait des forces saoudiennes de Bahreïn et accusait Ryad de «jouer avec le feu» dans le Golfe.

Dimanche, le Conseil consultatif saoudien a de nouveau condamné ce communiqué, le jugeant «irresponsable» et «insultant».

L'Arabie a envoyé des troupes à Bahreïn, dans le cadre de la force commune des pays du CCG, pour contenir la contestation chiite qui a secoué pendant un mois la petite monarchie.

M. Zayani a affirmé que «les appels à retirer les forces du "Bouclier de la péninsule" constituaient une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de Bahreïn».

L'Iran avait auparavant déjà dénoncé avec force le déploiement de troupes saoudiennes et rappelé son ambassadeur de Bahreïn, alors que les autorités bahreïnies dénonçaient des ingérences iraniennes dans leurs affaires intérieures.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est même allé jusqu'à affirmer que l'intervention pour mettre un terme à la révolte populaire était «un acte hideux voué à l'échec».

Le chef de la diplomatie des Émirats arabes unis, pays qu'un vieux conflit oppose à l'Iran à propos de la souveraineté sur trois îles stratégiques du sud du Golfe, a préconisé avant la réunion une attitude commune de fermeté du CCG face à l'Iran.

Cité par le quotidien koweïtien Al-Qabas, cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane a estimé que «toute action (contre l'Iran) doit être prise collectivement (...)  et tenir compte de la sécurité et de la stabilité du CCG».

Plus que tout, les membres du CCG craignent de voir l'Iran favoriser des mouvements de contestation chez leurs minorités chiites.

Le dixième de la population saoudienne est chiite et concentré dans la région pétrolière de l'est du royaume. Cette proportion monte jusqu'au tiers au Koweït.

De son côté, le ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé dimanche que les tensions actuelles entre l'Iran et les pays arabes du Golfe étaient le fruit d'un «complot occidental et sioniste» et a «demandé aux peuples de la région de faire de l'unité du monde islamique une priorité».

«Nous conseillons aux gouvernements de la région d'entendre les revendications de leurs peuples pour empêcher ces complots», a-t-il ajouté.