Deux personnes ont été tuées et 36 blessées dimanche dans trois villes de la province méridionale de Kandahar, au troisième jour de manifestations meurtrières en Afghanistan contre l'autodafé d'un exemplaire du Coran aux États-Unis.

Au moins 24 personnes ont péri depuis vendredi, notamment sept employés étrangers de l'ONU tués ce jour-là lors de l'attaque par des manifestants du complexe des Nations unies à Mazar-i-Sharif, la grande ville du nord de l'Afghanistan.

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Afghanistan, Staffan de Mistura, a assuré samedi soir que cette attaque et les meurtres des sept employés «ne porteront pas atteinte à la présence et aux activités de l'ONU» dans le pays.

Il n'a pas exclu des redéploiements à l'intérieur du pays en fonction des conditions de sécurité, mais a exclu des évacuations.

Les manifestations avaient pris fin dimanche soir en Afghanistan.

A Kandahar, le directeur provincial de la Santé, le Dr Abdul Qayum Pakhla, a indiqué que deux personnes avaient été tuées et 34 blessées dimanche lors des protestations organisées à travers la province.

Un policier a notamment été tué et 20 personnes blessées dans l'explosion d'une bouteille de gaz à Kandahar, a précisé le Dr Pakhla.

«C'est une explosion accidentelle», a affirmé le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, «une bouteille de gaz a explosé dans un kiosque de la police routière qui a été incendiée par les manifestants».

Les autres victimes ont été blessées par balle ou par des pierres, dans divers endroits de la ville de Kandahar, la capitale provinciale, mais aussi des localités proches de Panjwayi et Dand, où des manifestations ont également eu lieu dimanche, a précisé le Dr Pakhla.

«Deux blessés sont dans un état critique», a-t-il ajouté.

«Comparées à la veille, les manifestations ont été plus pacifiques», a souligné dimanche le gouverneur de la province, Toryalai Wesa dans une conférence de presse.

Samedi, 10 personnes avaient été tuées et 83 blessées dans la ville de Kandahar au cours d'une violente manifestation, infiltrée selon les autorités provinciales par des insurgés talibans armés. Des tirs, parfois nourris, avaient été entendus toute la journée à travers la ville.

Selon le correspondant de l'AFP, des manifestants ont attaqué des passants à coups de pierres et des hommes armés ont ouvert le feu contre des personnes hors du cortège et échangé des tirs avec la police.

À Jalalabad, à environ 150 km à l'est de Kaboul, environ 500 étudiants ont bloqué dimanche durant trois heures sans violence la route reliant la ville à la capitale et réclamé que le pasteur américain Terry Jones, à l'origine de l'autodafé, soit traduit en justice, selon le correspondant de l'AFP.

Des centaines de personnes ont également envahi dimanche les rues de la localité de Charikar, capitale de la province de Parwan, juste au nord de Kaboul, selon la chaîne de télévision privée afghane Tolo News qui n'a pas fait état de violence.

L'autodafé public d'un Coran, le 20 mars, par Terry Jones, pasteur intégriste d'un groupuscule chrétien de Floride (sud des États-Unis) a déclenché depuis vendredi une vague de protestation en Afghanistan.

Vendredi, 2000 à 3000 manifestants avaient attaqué le complexe de l'ONU à Mazar-i-Sharif et tué trois employés européens et sept gardes népalais de l'ONU. Cinq manifestants afghans avaient également été tués.

Les autorités provinciales et l'ONU accusent des insurgés armés d'avoir également infiltré cette manifestation.

Dimanche, le président Hamid Karzaï a demandé à son homologue américain Barack Obama et aux deux chambres du Congrès de faire en sorte que l'autodafé d'un exemplaire du Coran aux États-Unis ne se reproduise pas.