La police irakienne a pris d'assaut mardi le conseil provincial de Salaheddine, au nord de Bagdad, mettant fin à son occupation par un commando armé après une opération sanglante qui a fait au moins 58 morts, a-t-on appris auprès des services de sécurité.

Les hommes armés, qui étaient équipés de vestes explosives, avaient pris le contrôle en début d'après-midi de cet édifice du centre de Tikrit, à 160 km au nord de Bagdad, à la faveur de la panique provoquée par un premier attentat suicide devant le bâtiment.

«La police a mis une heure pour nettoyer le bâtiment», a annoncé vers 18H30 locales (11H30 à Montréal ) un responsable du commandement des opérations de la province de Salaheddine, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat dans cet ancien fief de l'ex-président Saddam Hussein, renversé en 2003 par l'invasion américaine.

Un responsable du poste de police à l'hôpital général de Tikrit a précisé que l'attaque avait fait 58 morts et 97 blessés et que six «terroristes» avaient également péri. Il avait auparavant fait état de 41 morts et 95 blessés.

Cette attaque, la plus meurtrière depuis le début de l'année, n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais son mode opératoire porte la marque d'Al-Qaïda.

Elle a débuté vers 12H40 par un attentat suicide devant l'entrée principale du conseil de cette province à majorité sunnite.

Les cinq autres membres du commando, tous vêtus d'uniformes de l'armée irakienne, ont alors fait irruption dans le bâtiment. Vingt minutes plus tard, une voiture piégée garée à proximité a explosé au moment où affluaient les renforts des forces de sécurité.

Le colonel Imad Nofan, un des responsables de la police de Tikrit, et son adjoint ont péri dans cette seconde explosion, de même que le journaliste irakien Sabah al-Bazi, qui travaillait pour de nombreux médias étrangers, selon des sources concordantes.

Une confrontation de plusieurs heures a suivi entre les forces de sécurité et les hommes armés qui ouvraient le feu sur quiconque tentait de s'approcher de l'édifice.

On ignorait dans l'immédiat combien de civils ont été piégés à l'intérieur du bâtiment, certains témoins interrogés par l'AFP ayant affirmé avoir vu de nombreuses personnes s'enfuir aux premiers instants de l'attaque.

Au moins trois membres du conseil provincial figurent parmi les morts.

L'un des membres du commando a activé sa ceinture d'explosifs à l'intérieur du bâtiment, et les quatre autres ont été abattus par la police lors de l'assaut final, a-t-on indiqué de sources médicales.

Ancien bastion de l'insurrection sunnite, la province de Salaheddine demeure le théâtre de nombreux attentats. Le 18 janvier, au moins 50 personnes avaient péri et 150 avaient été blessées dans un attentat suicide commis contre un centre de recrutement de la police à Tikrit.

L'attaque de mardi rappelle celle commise le 31 octobre par un commando armé qui s'était introduit en pleine messe dans la cathédrale syriaque catholique de Bagdad et retranché jusqu'à la mort, ou encore celle du 13 juin, quand cinq kamikazes avaient résisté pendant plusieurs heures dans la Banque centrale avant de se faire exploser.

Ces deux opérations avaient été revendiquées par l'Etat islamique en Irak, la branche locale d'Al-Qaïda.

D'autres violences ont fait au moins quatre morts mardi dans le pays. Trois frères, dont un élève d'une école militaire, ont été abattus dans la nuit dans leur maison à Hamdaniyah, à l'ouest de Bagdad, selon une source au ministère de la Défense.

À Bagdad, le docteur Mohamed Hussein, doyen de la faculté dentaire de l'université de Moustansiriya, a été tué dans la soirée par l'explosion d'une bombe magnétique accrochée à son véhicule, selon un responsable du ministère de l'Intérieur.