Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté mardi pour la «fin des divisions» entre l'Autorité palestinienne et le Hamas, forçant les chefs des deux camps à exprimer leur soutien à la mobilisation.

Les rassemblements, organisés via Facebook et Twitter, qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes à Gaza contrôlé par le Hamas et des milliers en Cisjordanie administrée par l'Autorité palestinienne, se sont dispersés en fin d'après-midi.

Des policiers du Hamas armés de matraques sont intervenus dans la soirée pour disperser le dernier groupe de jeunes militants unitaires qui avaient manifesté à part dans la ville de Gaza pour, selon un des organisateurs, dénoncer la «récupération» de la mobilisation. Un photographe de l'AFP a été agressé au cours des incidents par un policier en civil.

Dans le centre de Ramallah (Cisjordanie), quatre animateurs du rassemblement ont été interpellés et quatre autres blessés, dont deux femmes, mardi soir par les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, selon leur entourage.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a approuvé «la revendication des manifestants en Cisjordanie et dans la bande de Gaza qui appellent à la fin de la division, en tenant des élections présidentielle, législatives et au Conseil national dès que possible».

Peu après, le chef du gouvernement Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a appelé le président Abou Mazen (Mahmoud Abbas, NDLR) et le Fatah à une «réunion immédiate ici dans la bande de Gaza ou dans n'importe quel endroit dont nous conviendrons, pour entamer un dialogue national global direct en vue de parvenir à la réconciliation», dans une déclaration télévisée.

A Gaza, des dizaines de milliers de manifestants ont convergé sur la principale place, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas. «Non à la division!», scandait la foule.

Des échauffourées se sont produites alors que des manifestants arboraient des emblèmes de mouvements palestiniens, malgré les consignes unitaires proscrivant tout autre symbole que le drapeau palestinien.

Hassan, qui n'a voulu donner que son prénom, a affirmé que de jeunes hommes, «peut-être des éléments des services de sécurité en civil, ont empêché des participants de brandir la bannière jaune du Fatah», parti de M. Abbas.

Des milliers de sympathisants du Hamas étaient regroupés de leur côté, portant des T-shirts du mouvement et des drapeaux verts.

Des altercations ont éclaté, avec des jets de pierres ayant fait trois blessés.

«Ni le Hamas ni le Fatah ne tiennent à mettre fin à la division, chacun poursuit ses propres intérêts et le peuple va continuer à se mobiliser», a prédit Fawzane al-Chawa, employé de l'Université Al-Azhar.

En Cisjordanie, 3000 personnes ont défilé à Ramallah, siège de l'Autorité, 2000 à Naplouse (nord) et autant à Hébron (sud), selon des journalistes de l'AFP.

«Nous voulons l'unité, nous sommes un seul peuple à Gaza comme en Cisjordanie. Le Fatah et le Hamas doivent écouter le peuple», a déclaré Mohammad Saleh, de Tulkarem (nord), étudiant à l'Université de Bir Zeit.

«Je ne suis ni du Fatah ni du Hamas, je suis venu ici avec mes amis pour dire que la division, ça suffit», a expliqué à Naplouse Saëd, étudiant de 24 ans.

Les militants des différents mouvements ont détourné les consignes unitaires, ceux du Fatah arborant des keffiehs blanc et noir, ceux de la gauche des keffiehs rouges et des sympathisantes du Hamas des voiles verts.

«Nous sommes heureux que les jeunes aient participé à cette manifestation, aujourd'hui bien que les membres des différentes factions leur aient montré quelle catastrophe est la division», a déclaré à l'AFP une des organisatrices, Rand Khdaïr, à Ramallah, où une douzaine de jeunes observent une grève de la faim depuis dimanche.