S'inspirant des soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte, des jeunes Palestiniens ont appelé, via Facebook et Twitter, à manifester mardi dans les Territoires en faveur de la «fin des divisions» interpalestiniennes.

Il est difficile de mesurer l'impact d'un tel appel, sans précédent, mais les organisateurs espèrent des milliers de participants à Ramallah (Cisjordanie), siège de l'Autorité palestinienne, et dans la bande de Gaza.

Au moins 3000 manifestants, selon un correspondant de l'AFP sur place, se sont retrouvés dès lundi dans le centre de la ville de Gaza, brandissant des drapeaux palestiniens et scandant «Le peuple veut la fin de la division».

«Nous commençons notre sit-in maintenant», a déclaré son organisateur, Ahmad Arar. Les Gazaouis ont démarré le mouvement 24 heures avant de crainte que le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, n'empêche la tenue du rassemblement, a expliqué un militant.

«Abbas (président de l'Autorité palestinienne), Haniyeh (Premier ministre du Hamas), nous voulons l'unité nationale», pouvait-on lire sur les banderoles, et sur d'autres: «Nous ne retournerons pas chez nous avant la fin de la division».

A Ramallah, sept jeunes ont commencé dimanche une grève de la faim sur la place Al-Manara, haut lieu de la capitale politique et économique de la Cisjordanie, selon leur entourage.

Des milliers de jeunes Palestiniens se sont regroupés ces dernières semaines sur Facebook et Twitter pour débattre et lancer des appels au «changement» et à l'unité des factions palestiniennes. Un seul slogan: «La fin de la division».

Le mouvement laïc Fatah et le Hamas sont à couteaux tirés depuis que ce dernier a pris le contrôle de Gaza en juin 2007 après en avoir chassé les forces du premier, loyales au président Mahmoud Abbas.

Se proclamant «indépendants», les jeunes militants ont choisi la date du 15 mars pour se rassembler à Gaza, en Cisjordanie occupée, ainsi que dans les camps de réfugiés et devant les représentations diplomatiques palestiniennes à l'étranger.

Plus de 37 000 «amis» ont accepté l'«invitation» à descendre dans la rue mardi.

Ils ont déjà organisé --avec plus ou moins de succès-- plusieurs marches à Ramallah, Naplouse et Hébron. Les tentatives de tenir de semblables rassemblements à Gaza ont été empêchées par le Hamas.

«Le 15 mars n'est qu'un début», assure Lama Nazih, jeune militante de Ramallah, promettant qu'il y aura d'autres «manifestations pacifiques pour réclamer nos droits».

Les organisateurs affirment ne pas avoir d'allégeance politique particulière et se méfient des tentatives de récupération.

«Les partis politiques palestiniens, le gouvernement du Hamas à Gaza, le gouvernement de (Salam) Fayyad en Cisjordanie et une pléthore d'ONG cherchent à récupérer ce mouvement pour servir leurs petits intérêts», a dénoncé un de leurs communiqués.

«Le 15 mars sera le jour où nous serons unis pour demander la représentation démocratique de tous les Palestiniens comme une démarche positive dans la lutte pour nous libérer de l'apartheid israélien», ont-ils expliqué.

Les jeunes exigent «la libération de tous les prisonniers politiques» détenus dans les geôles du Hamas à Gaza et de l'Autorité palestinienne.

Politiquement, ils veulent ressusciter le Conseil national palestinien (CNP), une assemblée parlementaire au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) censée représenter les 11 millions de Palestiniens, y compris ceux de la diaspora.

Pour Fadi Quraan, un des animateurs de Ramallah, le fin des divisions n'est qu'un «objectif limité», «Le principal problème, c'est l'occupation (israélienne)».

Un haut dirigeant du Fatah, Nabil Chaath, a promis dimanche que les forces de sécurité palestiniennes n'interviendraient pas pour empêcher les manifestations.