Israël, sous le choc, a enterré dimanche les membres d'une famille juive assassinée dans une colonie du nord de la Cisjordanie et donné, en réponse à l'attaque, son feu vert à la construction de centaines de logements dans ce territoire palestinien.

Au moins 20 000 personnes ont accompagné au grand cimetière juif de Givat Shaul à Jérusalem les cinq victimes, un couple et leurs trois enfants, dont un bébé, sauvagement poignardés durant leur sommeil lors d'une attaque attribuée à des Palestiniens vendredi soir dans la colonie d'Itamar, près de Naplouse.

«Pour nos ennemis, il n'y a pas de différence entre Itamar et Tel-Aviv. Notre vengeance sera de construire sur notre terre, encore et encore», a promis le président de la Knesset (Parlement), Reouven Rivlin, lors des funérailles.

Sur le terrain, soldats et services de sécurité israéliens ont poursuivi leur chasse à l'homme dans la région de Naplouse. Les coupables n'ont pas été arrêtés et aucune revendication crédible de l'attaque n'a été enregistrée.

«En tant que ministre de la Défense, je suis certain que la main de fer de l'armée et du Shin Bet (service de sécurité intérieure) va rapidement capturer les meurtriers. Ils devront rendre des comptes», a assuré Ehud Barak.

De crainte de représailles anti-palestiniennes de la part d'extrémistes juifs, le gouvernement a maintenu la police en état d'alerte élevé.

En fin d'après-midi, une dizaine de militants ont bloqué une route à l'ouest de Naplouse, jetant des pierres contre des voitures palestiniennes, selon des témoins.

Des colons en colère étaient entrés dans la nuit de samedi à dimanche dans le village palestinien de Burin, un foyer de tension près de Naplouse, caillassant et incendiant une maison. Des incidents ont été recensés autour et dans la ville palestinienne d'Hébron.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu a exhorté les Israéliens à faire preuve de «retenue».

«J'appelle tous les Israéliens à agir de façon responsable, avec retenue et à ne pas se faire justice eux-mêmes. Lorsque quelqu'un se fait justice, il n'y plus de justice», a proclamé M. Netanyahu.

La situation s'était vivement tendue ces dernières semaines autour de Naplouse, une région agricole où cohabitent, dans un climat permanent de violences, paysans palestiniens et colons juifs, dont certains réputés pour leur extrémisme.

Le Quartette pour le Proche-Orient (États-Unis, UE, Russie et ONU) a condamné «dans les termes les plus forts possibles» la tuerie d'Itamar en qualifiant «d'inacceptables» les attaques contre les civils.

Il s'est félicité de «la ferme condamnation de cette attaque» par l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas.

Sur le front politique, le gouvernement israélien a réagi en donnant un coup d'accélérateur à la colonisation en Cisjordanie occupée.

«La commission ministérielle chargée des implantations a décidé hier (samedi) la construction de quelques centaines d'unités de logements à Gush Etzion, Maale Adoumim, Ariel et Kyriat Sefer», a annoncé le bureau de M. Netanyahu.

Ces quatre colonies sont parmi les plus peuplées de Cisjordanie et font partie de ce que les responsables israéliens appellent des «blocs d'implantations» qui doivent, selon eux, être annexés dans tout accord de paix avec les Palestiniens.

Le dirigeant de Yesha, la principale organisation de colons, Danny Dayan, s'est félicité de «ce petit pas dans la bonne direction», en exhortant Benjamin Netanyahu à approuver d'autres permis de construire.

En revanche, l'Autorité palestinienne a déploré la décision du gouvernement israélien et averti qu'elle conduirait à de sérieux problèmes» tandis que l'ONU a fait part de sa «préoccupation».