La construction dans les colonies juives de Cisjordanie a connu un important essor depuis la fin du gel partiel de dix mois de la colonisation en septembre dernier, selon des chiffres publiés lundi par le Bureau central des statistiques israéliennes.

Selon ces chiffres, pas moins de 427 logements ont été mis en chantier dans les colonies entre début septembre et fin décembre 2010.

Durant les neufs mois qui avaient précédé ce gel, seuls 114 logements avaient été mis en chantier.

A la demande des États-Unis, Israël avait décidé d'observer ce gel pour favoriser la reprise de négociations de paix avec les Palestiniens.

Mais, à l'échéance du gel, le 2 septembre, Israël a refusé de le proroger. Les Palestiniens ont alors refusé de revenir à la table des négociations tant que la colonisation continuerait dans les territoires où ils aspirent à créer leur État indépendant.

Le mouvement israélien anti-colonisation La Paix Maintenant fait état de chiffres encore plus élevés concernant la construction dans les colonies que ceux indiqués par le Bureau central des statistiques.

Selon La Paix Maintenant, les statistiques officielles se fondent sur des rapports établis par les collectivités locales et ne tiennent pas compte de la colonisation sauvage, réalisée sans feu vert des autorités israéliennes.

L'ONG, qui fonde ses chiffres sur des enquêtes de terrain et des prises de vues aériennes, fait état de plus d'un millier de logements mis en chantier dans les colonies de Cisjordanie entre la fin du gel en septembre 2010 et février 2011.

Netanyahu sous pression

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été pressé lundi par plusieurs de ses ministres de présenter une initiative diplomatique en direction des Palestiniens, en raison de la dégradation rapide de la position internationale d'Israël.

Selon la radio publique israélienne, M. Netanyahu envisage d'avancer la date de la présentation de cette initiative, prévue pour mai, vu l'isolement croissant de son pays.

D'après des fuites provenant de son entourage, l'initiative devait être dévoilée publiquement lors d'un discours au Congrès américain au cours de la visite que doit effectuer à Washington le 22 mai prochain le chef du gouvernement, à l'invitation du lobby pro-israélien AIPAC.

Mais l'aggravation de l'isolement d'Israël depuis le blocage total du processus de paix, pourrait amener M. Netanyahu à avancer si possible son voyage, selon la radio.

Aucune annonce officielle n'a été faite à ce jour mais les médias israéliens font état d'un projet d'«accord intérimaire» à long terme avec les Palestiniens au lieu de négociations sur un règlement final, alors que la colonisation continuerait au moins dans les blocs d'implantations et à Jérusalem-est annexée.

Les Palestiniens se sont dores et déjà opposés à un tel plan insistant sur un gel total de la colonisation et sur des négociations sur le statut final.

Pour sa part, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a appelé lundi le chef du gouvernement à «prendre une décision audacieuse» pour relancer le processus de paix, le plus vite possible» afin de «sortir Israël de son isolement».

«Pareille décision doit être prise dans les prochaines semaines et non les prochains mois. Une déclaration en mai devant le Congrès serait beaucoup trop tardive», a-t-il dit à la radio publique.

«Le monde n'accepte pas que nous continuions à régner sur une autre peuple, après 43 ans», a souligné M. Barak en référence à l'occupation de territoires palestiniens depuis 1967.

«Israël fait face à un véritable tsunami de délégitimation de par le monde», a mis en garde M. Barak, censé avoir l'oreille du Premier ministre, bien que son poids politique soit faible, vu qu'il ne représente plus que cinq députés sur 120 depuis sa rupture avec le parti travailliste.

De son côté, le vice-Premier ministre Dan Meridor, chargé des services de renseignement, a exhorté M. Netanhayu à «être proactif, avant qu'une calamité n'arrive, avant d'être isolé».

«Il faut définir notre but rapidement sous peine de nous retrouver dans une situation comme celle que nous avons vue récemment au Conseil de sécurité de l'ONU», a averti M. Meridor, un modéré au sein de la coalition de droite et d'extrême droite.

L'isolement d'Israël s'est manifesté lors du veto imposé le 18 février au Conseil sécurité de l'ONU par les États-Unis à un projet de résolution arabe jugeant «illégale» la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés et demandant son arrêt.

Les 14 autres membres du Conseil, dont les Européens, ont voté en faveur de la résolution.

Face au blocage persistant des pourparlers de paix avec Israël, les dirigeants palestiniens ont appelé de nombreux pays à reconnaître leur Etat à l'intérieur des frontières de juin 1967 --c'est-à-dire l'intégralité de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Photo: AP

Benjamin Netanyahu