Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou envisage de défendre un «accord intérimaire» avec les Palestiniens plutôt que de tenter de relancer les négociations de paix, a rapporté mercredi la presse israélienne, une option déjà écartée par les Palestiniens.

Israël a choisi de ne pas envoyer de délégation à Bruxelles, où les négociateurs palestiniens rencontraient mercredi des représentants du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, États-Unis, UE et Russie) en vue de relancer le processus de paix, actuellement au point mort.

«Les Palestiniens ne veulent pas entamer de négociations sérieuses, et c'est pourquoi nous devons examiner l'idée d'un arrangement provisoire à long terme», a déclaré une source haut placée au bureau du Premier ministre au quotidien Israel Hayom, considéré comme proche de M. Nétanyahou.

«Compte tenu de l'instabilité dans la région, la seule possibilité est de trouver un arrangement provisoire, à condition que ce soit à long terme, et c'est ce que nous examinons actuellement», a-t-il ajouté, en référence aux mouvements de révolte populaire qui secouent le monde arabe.

Ce plan israélien prévoirait l'instauration d'un État palestinien dans des frontières provisoires, ainsi que la poursuite des discussions sur les principaux points d'un accord final, précise le quotidien Haaretz.Les Palestiniens ont déjà fait savoir, à maintes reprises, qu'ils ne se contenteraient pas d'un accord intérimaire avec Israël --une idée défendue par le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman-- et qu'ils n'accepteraient pas de discuter d'un Etat dans des frontières provisoires.

Ces fuites interviennent le jour de la rencontre prévue par le Quartette pour relancer les négociations de paix, au point mort depuis septembre parce que les Palestiniens exigent au préalable un moratoire sur la colonisation, que M. Nétanyahou refuse.

Le Premier ministre a renoncé à envoyer son négociateur en chef, Yitzhak Molcho, à la réunion à Bruxelles, officiellement parce qu'il n'était pas prévu de discussions directes avec la délégation palestinienne.

En réalité, selon les observateurs, M. Nétanyahou, chef d'une coalition très marquée à droite, craignait de se voir imposer des «paramètres» de la négociation --comme la reconnaissance d'un Etat palestinien sur les lignes de 1967, c'est-à-dire l'intégralité de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza-- afin de faciliter la reprise des pourparlers avec les Palestiniens.

Le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Michael Mann, a confirmé mercredi qu'une réunion a eu lieu à Bruxelles à huis clos entre des représentants du Quartette et des négociateurs palestiniens, et qu'il était prévu de «rencontrer les négociateurs israéliens la semaine prochaine».

La délégation palestinienne était conduite par le négociateur en chef palestinien Saeb Erakat.

«Le Quartette accorde beaucoup d'attention aux points de vues des parties concernées sur la façon de reprendre les négociations sur tous les sujets clé, y compris les frontières et la sécurité», a-t-il précisé.

Le Quartette juge «impérative» une reprise des négociations de paix, d'autant plus nécessaire à ses yeux que le Proche et Moyen-Orient sont ébranlés par une vague de contestation sans précédent.

Ses dirigeants --le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et les chefs de la diplomatie américaine Hillary Clinton, russe Sergueï Lavrov et de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton-- doivent se retrouver pour en discuter à la mi-mars à Paris.