Le Parlement iranien a réclamé mercredi le jugement des deux chefs de l'opposition réformatrice Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, accusés d'être des «traîtres» et des «contre-révolutionnaires», la justice démentant une nouvelle fois les avoir emprisonnés.

«Ceux qui ont appelé et encouragé l'insécurité le 25 Bahman (14 février) comme Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi et les autres traîtres sont des contre-révolutionnaires et méritent une action ferme et légale», a affirmé un rapport de la commission parlementaire spéciale chargée d'examiner leur sort.

«Le Parlement n'acceptera aucune justification pour ne pas agir contre ces personnes», ajoute le texte lu en séance plénière du Majlis.

L'opposition a appelé à trois manifestations interdites depuis le 14 février, les premières depuis un an, provoquant la colère des conservateurs au pouvoir bien que la présence massive de la police ait empêché tout rassemblement important. Deux personnes ont péri le 14 février.

Pour leur part, deux hauts responsables judiciaires ont réaffirmé que MM. Moussavi ex-Premier ministre, et Karoubi, ex-chef du Parlement, n'avaient pas été emprisonnés mais se trouvaient toujours à leur domicile, où les forces de sécurité les maintiennent au secret avec leurs épouses.

«Les rumeurs sur le transfert en prison de Karoubi et Moussavi sont totalement fausses. (...) MM. Moussavi et Karoubi et leurs épouses sont à leur domicile», a affirmé le procureur de Téhéran Abbas Jafari Dolatabadi à l'agence Mehr.

«Ils sont à leur domicile et des restrictions leur ont été imposées dans leurs contacts», a confirmé le procureur général Gholamhossein Mohseni Ejeie à l'agence officielle Irna.

Les familles et les proches de MM. Moussavi et Karoubi affirment depuis lundi, en dépit des démentis officiels, que les deux dirigeants avec lesquels ils n'ont plus aucun contact ont été transférés vers un autre endroit inconnu et probablement emprisonnés.

Plusieurs parlementaires ont appelé récemment à l'exécution de MM. Moussavi et Karoubi, devenus les principales figures de l'opposition réformatrice depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

Le chef de l'Autorité judiciaire l'ayatollah Sadegh Larijani a répondu que la justice agirait «en tenant compte des intérêts du régime», soulignant que le pouvoir souhaitait éviter de transformer les deux chefs de l'opposition en «saints».

«Nous demandons aux organes concernés d'agir avec détermination (...) Les intérêts de la nation sont en jeu», a toutefois insisté mercredi le président du Parlement Ali Larijani, frère du chef du pouvoir judiciaire.

Le rapport du Parlement affirme que «les troubles» du 14 février étaient «un plan israélo-américano-britannique» et y voit également «l'intervention des ambassades étrangères» contre lesquelles il demande au ministère des Affaires étrangères de prendre des mesures.

La plupart des capitales occidentales ont exprimé leur soutien à MM. Moussavi et Karoubi et condamnent régulièrement la répression contre l'opposition.

Les autorités iraniennes accusent de leur côté les ambassades occidentales à Téhéran d'encourager les manifestations antigouvernementales.

Le rapport parlementaire demande aussi le renforcement des mesures pour empêcher la réception des chaînes d'information satellitaires étrangères «utilisées pour diriger la sédition», et un contrôle accru des «réseaux internet aux mains de l'empire médiatique sioniste».

La plupart des chaînes étrangères en persan sont déjà régulièrement brouillées, et les autorités bloquent des milliers de sites internet dont ceux de l'opposition.