Le premier ministre irakien a appelé ses concitoyens, jeudi, à boycotter les manifestations anti-gouvernementales prévues vendredi, affirmant qu'elles étaient organisées par des partisans de Saddam Hussein et d'Al-Qaïda.

Le premier ministre Nouri Al-Maliki n'a pas donné de preuve de ces allégations lancées lors d'un discours diffusé sur la télévision nationale, qui faisaient écho à de précédentes déclarations similaires dans lesquelles il avait blâmé les terroristes et les loyalistes de Saddam Hussein pour une série de problèmes dans le pays.

Des personnalités religieuses irakiennes, dont le chef de la majorité chiite, le grand ayatollah Ali Al-Sistani, et le religieux anti-américain Moqtada Al-Sadr, ont eux aussi exprimé des inquiétudes quant à la sécurité des manifestations de vendredi.

Le ministre de l'Intérieur a quant à lui affirmé, jeudi, que des personnes voulant provoquer des violences pourraient s'infiltrer dans la foule vêtues d'uniformes de la police ou de l'armée.

Les commentaires de Nouri Al-Maliki étaient les plus forts jusqu'à maintenant sur les manifestations qui doivent avoir lieu vendredi, dans le cadre d'une «journée de colère» organisée sur Facebook et d'autres sites Internet. Il s'est adressé aux Irakiens au moment même où un kamikaze s'est fait exploser dans la province d'Anbar, tuant 11 personnes.

Les avertissements du premier ministre sont un autre signe de l'inquiétude des responsables irakiens, qui craignent que les soulèvements anti-gouvernementaux qui traversent la région n'atteignent l'Irak.

Les Irakiens ont jusqu'à maintenant organisé de petites manifestations dans différentes villes du pays afin de demander de meilleurs services publics, plus d'aide pour les veuves et les orphelins et une plus grande protection des droits de la personne. Mais contrairement aux autres manifestations dans la région, les Irakiens n'ont pas appelé à un changement complet de leur gouvernement. L'Irak est l'un des rares pays de la région dont les dirigeants sont élus démocratiquement.

«Je vous appelle à la précaution et à la prudence et à vous tenir à l'écart» des manifestations, a dit le premier ministre irakien.

Il a assuré qu'il ne voulait pas priver les Irakiens de leur droit de manifester pour exprimer leurs demandes légitimes, mais a dit qu'il voulait que cela se fasse sans que «des saddamistes, des terroristes et Al-Qaïda» soient derrière la marche.

«Pour parler franchement, ils prévoient tirer avantage des manifestations (de vendredi) pour leur propre bénéfice», a-t-il dit.

Mais des Irakiens qui prévoient participer au mouvement ont écarté du revers de la main les avertissements de M. Al-Maliki.

«Même s'il y a des pressions de la sécurité et des religieux pour nous dissuader de participer, nous irons», a dit Omar Al-Mashhadani, un militant de l'organisation de secours Al-Nahrian. «Notre but n'est pas de renverser le régime, mais de mener des réformes et de combattre la corruption.»