Des dizaines de milliers de partisans du régime en Iran ont réclamé vendredi l'exécution des deux principales figures de l'opposition réformatrice lors de la prière à l'université de Téhéran et de manifestations organisées par les autorités dans tout le pays.

L'ex-chef du Parlement Mehdi Karoubi et l'ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi, qui ont pris la tête de l'opposition au président Mahmoud Ahmadinejad depuis sa réélection contestée en 2009, sont depuis plusieurs jours de facto en résidence surveillée.

«Mort à Moussavi, mort à Karoubi», ou «Moussavi et Karoubi doivent être pendus», a réclamé la foule lors de la prière du vendredi à Téhéran.

Dans son prêche aux fidèles, l'ayatollah ultraconservateur Ahmad Janati s'est montré plus prudent, réclamant que les deux opposants soient soumis à un régime de résidence surveillée sévère.

«Certains disent qu'ils doivent être pendus. Mais ils sont déjà pendus (politiquement, NDLR), ils n'ont plus aucune réputation. Certains demandent qu'ils soient jugés, la justice agira en tenant compte des intérêts» du pouvoir, a répondu M. Janati aux manifestants.

«Mais ce qu'elle doit faire et est en train de faire, c'est de couper tout leur contact avec la population. Il faut limiter leurs allées et venues, les empêcher d'envoyer et recevoir des messages. Il faut couper leur téléphone, leur internet. Il faut qu'ils soient emprisonnés dans leur propre maison», a-t-il ajouté.

Jeudi, le chef de l'autorité judiciaire, l'ayatollah Sadegh Larijani, a accusé MM. Karoubi et Moussavi de «trahison», affirmant que la justice les empêcherait désormais de «publier des déclarations».

Les attaques des conservateurs au pouvoir contre les deux leaders réformateurs ont pris une nouvelle ampleur après une manifestation antigouvernementale lundi, la première depuis un an. À leur appel, des milliers de personnes s'étaient rassemblées à Téhéran, en dépit d'une interdiction et d'un déploiement policier massif.

Les appels à un procès rapide et un «châtiment sévère», voire à «la pendaison» de MM. Karoubi et Moussavi, accusés de faire le jeu des États-Unis et d'Israël, ennemis jurés de l'Iran, se sont multipliés au sein de la classe politique et du clergé, et jusque parmi les conservateurs modérés et certains réformateurs.

Jusqu'à présent, les autorités se sont abstenues d'arrêter les deux dirigeants pour ne pas en faire des «saints» aux yeux de leurs partisans, avait expliqué la semaine dernière le chef du pouvoir judiciaire.

En réponse aux manifestations antigouvernementales de lundi, qui ont fait deux morts et plusieurs blessés, les autorités ont également organisé vendredi une contre-manifestation dans le centre de Téhéran à l'issue de la prière.

Les orateurs officiels de cette contre-manifestation ont lancé les mêmes slogans, repris par la foule: «Mort à Moussavi, mort à Karoubi» ou «Ils doivent être pendus».

«Nous demandons le châtiment le plus sévère contre les chefs de la sédition, et à la justice de juger sans délais Moussavi et Karoubi, qui n'ont d'autre but que d'affaiblir la République islamique et de servir les oppresseurs» (les États-Unis, NDLR), a affirmé la déclaration finale de la manifestation.

Les deux dirigeants peuvent être considérés comme «corrompus sur terre»  - crime passible de la peine de mort - pour avoir appelé à une manifestation interdite, selon le texte.

Des manifestations similaires contre les deux leaders de l'opposition ont été organisées dans de nombreuses villes de province, selon les médias.