Les affaires de corruption, impliquant ministres, directeurs du fisc, maires, juges et même rabbins, se multiplient en Israël, où une offensive anti-corruption au plus haut niveau commence à payer.

Aucune institution n'est épargnée. L'administration fiscale, censée être le fer de lance des opérations «Mains propres», a été éclaboussée quand son ancien patron Jacky Matzaa été condamné le mois dernier à un an de prison pour corruption.

Mardi, la police a interpellé le chef des enquêtes du fisc, soupçonné d'avoir également reçu des pots-de-vin alors qu'il avait qualifié de «fléau national» la fraude fiscale quelques mois auparavant à la télévision.

La classe politique est cependant la plus mouillée. Ehud Olmert, l'ancien Premier ministre, a dû démissionner en septembre 2008 après que la police a recommandé son inculpation. Il est poursuivi pour une série d'affaires de corruption, dont l'énorme scandale immobilier «Holyland» à Jérusalem.

Une décision portant sur une éventuelle inculpation pour corruption et blanchiment d'argent du très controversé ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman serait imminente, selon des responsables de la Justice.

Deux anciens ministres se trouvent derrière les barreaux pour détournement de fonds: l'ex-titulaire des Finances Avraham Hirshson, condamné en 2009 à cinq ans de prison, et celui de la Santé Shlomo Benizri, qui a écopé l'an dernier de quatre ans fermes.

Kadima, le parti centriste d'opposition dont la dirigeante Tzipi Livni se présente volontiers comme une «Madame propre», n'échappe pas à la vague de répression. Le directeur général de cette formation, le général de réserve Moshé Shrori, lui aussi soupçonné de corruption, a été interpellé mardi.

Omri et Gilad Sharon, les deux fils de l'ancien homme fort d'Israël Ariel Sharon, sont pour leur part impliqués dans une affaire de dessous de table.

Au niveau local, la chasse aux «ripoux» est aussi ouverte. La police a interpellé au début du mois Yitzhak Ohayon, maire de Petah Tikva, dans la banlieue de Tel Aviv. Et au sein même du système judiciaire, Dan Cohen, un ancien juge accusé d'avoir touché des prébendes, est en cavale au Pérou. Israël a demandé, jusqu'à présent en vain, son extradition.

Le grand rabbin de Haïfa (nord), Shear Yishuv Cohen, aurait quant à lui frauduleusement octroyé un titre de rabbin à des centaines de policiers, gardiens de prison et militaires afin qu'ils puissent obtenir des compléments de salaire, portant en tout sur des dizaines de millions de dollars.

Ces enquêtes tous azimuts et les résultats obtenus permettent à Israël de se retrouver en position honorable au palmarès mondial établi par Transparency International, une organisation anticorruption. L'État hébreu a progressé de deux places en 2010 pour se retrouver 30e sur 178 pays classés. Il devance l'Espagne et le Portugal.

«Ces dernières années, il y a eu d'incontestables progrès, ce qui explique la multiplication des enquêtes, inculpations, condamnations et mises en détention», déclare à l'AFP Galia Saguy, directrice générale de l'antenne israélienne de Transparency.

«C'est d'ailleurs pourquoi la population a paradoxalement l'impression que la situation empire, alors qu'elle s'améliore», souligne cette juriste.

Pour compléter le dispositif, l'État hébreu a par ailleurs signé une convention anticorruption l'an dernier dans le cadre de son adhésion à l'Organisation du Commerce et du Développement économique (OCDE).

Ce texte visait notamment à mettre fin aux commissions versées à des fonctionnaires étrangers pour favoriser des contrats d'armements, un secteur dont les exportations annuelles dépassent les 6 milliards de dollars.