Des hauts dignitaires religieux chiites et sunnites musulmans d'Irak sont tombés d'accord vendredi à Copenhague sur une fatwa commune condamnant les violences contre les chrétiens et autres minorités religieuses irakiennes, à l'issue d'un séminaire à huis clos au Danemark.

«Cette fatwa condamne toutes les atrocités contre les chrétiens et souligne que ces actes de tueries sont totalement contraires au Coran», a déclaré à l'AFP le vicaire Andrew White de l'Église anglicane à Bagdad, un des participants à cette réunion de crise.



Les participants ont élaboré treize recommandations adressées au pouvoir irakien appelant notamment à la «criminalisation de toute incitation sectaire et religieuse et de la propagation de la culture de la haine», selon le texte de la déclaration commune obtenu par l'AFP.



Ils ont exhorté le gouvernement de Bagdad à «mettre cette question à l'ordre du jour» du prochain sommet de la Ligue arabe en mars dans la capitale irakienne.



Les participants ont appelé également à «la pratique des sermons religieux modérés et des valeurs des messages divins dans les lieux du culte et dans tous les médias».



Ils ont recommandé en outre au gouvernement d'élaborer un programme destiné à «rééduquer en matière d'idéologie les prisonniers afin de leur forger une personnalité modérée et d'ordonner des sermons et des conseils sains» dans les mosquées.



La rencontre, organisée à l'initiative du Danemark et de l'ONG britannique The Foundation for Relief and Reconciliation in the Middle East (FRRME), a rassemblé durant trois jours huit chefs religieux musulmans et chrétiens pour tenter de mettre fin aux violences intercommunautaires qui ont récemment endeuillé la communauté chrétienne en Irak et accéléré l'exode de ses membres.



Parmi les participants à ce séminaire figurent le leader chiite Cheikh Abdulhaleem Al Zubairi, le cheikh sunnite Abdul Latif Humayem, conseiller du Premier ministre Nouri Al Maliki, le secrétaire général du Mouvement démocratique assyrien Yonnadam Kanna ou encore l'archevêque Avak Asadorian, président du Conseil chrétien d'Irak.



«La solution n'est pas d'émigrer. Nos racines sont là-bas. Mais nous connaissons un très grave problème» a observé pour sa part Yonnadam Kanna, lors d'une conférence de presse.



«Les chrétiens fuient l'Irak. Ils ne voient aucun avenir pour eux dans ce pays», a-t-il constaté.



Cheikh Majed Al Hafeed, un sunnite du Kurdistan et membre du parlement de Bagdad, a déclaré de son côté qu‚il fallait «lutter contre l'extrémisme dans toutes les religions».



Mais «le gouvernement doit prendre ses responsabilités pour contrôler les mollahs pour qu'ils n'accroissent pas la haine», a-t-il estimé.



La ministre danoise des Affaires étrangères, Lene Espersen, à l‚initiative de ce séminaire, s'est félicitée de «la volonté de réconciliation des leaders religieux», les appelant à «traduire concrètement leur engagement dans les faits».



«Ces leaders ont pris une grande responsabilité morale et montré que les groupes religieux sont unis pour oeuvrer ensemble contre les violences religieuses», a-t-elle estimé dans un communiqué.