Le président pakistanais Asif Ali Zardari a nommé mardi un ancien ministre de la Justice comme gouverneur du Pendjab pour remplacer Salman Taseer, assassiné la semaine dernière.

«Sur avis du premier ministre, le président Asif Ali Zardari a nommé Sardar Latif Khosa gouverneur du Pendjab», a annoncé un communiqué de la présidence.

Salman Taseer, une figure du Parti du peuple pakistanais (PPP, au pouvoir), a été tué par un de ses gardes du corps la semaine dernière à Islamabad alors qu'il sortait d'un café.

Son meurtrier présumé, Malik Mumtaz Hussain Qadri, un policier de 26 ans, a justifié son acte en invoquant l'opposition de Salman Taseer à une loi prévoyant la peine de mort en cas de blasphème contre l'islam. Il a affirmé avoir agi seul, sans le soutien d'une organisation islamiste.

Si l'assassinat de Salman Taseer a été condamné par les autorités et partis politiques libéraux, son assassin a reçu le soutien des puissants cercles religieux conservateurs, qui ont déclaré qu'on ne pouvait juger un homme qui avait défendu l'islam.

Dimanche dernier, plus de 50 000 personnes ont manifesté à Karachi contre toute révision de la loi sur le blasphème.

M. Khosa, qui a été ministre de la Justice pendant un an jusqu'en 2009 dans le gouvernement du PPP, est un membre en vue de ce parti et l'un des proches collaborateurs du président Zardari.

Des analystes ont souligné que sa nomination comme gouverneur du Pendjab constituait un geste de conciliation envers la Ligue musulmane du Pakistan (Nawaz), ou PML-N, que dirige l'ancien président pakistanais Nawaz Sharif.

Bien qu'étant la principale formation de l'opposition pakistanaise sur le plan national, le PML-N est en coalition avec le PPP du président Zardari au sein du gouvernement local du Pendjab, province la plus peuplée du Pakistan.

Avec la nomination de M. Khosa, «le PPP a signalé qu'il s'engageait sur la voie de la réconciliation avec le PML-N», a déclaré à l'AFP l'analyste politique Imtiaz Gul.

«Khosa est un homme respectueux du droit qui a occupé plusieurs positions politiques importantes», et «il peut être acceptable pour le PML-N», a souligné M. Gul.

Peu avant l'assassinat de Salman Taseer, Nawaz Sharif, chef du PML-N, avait donné 72 heures au premier ministre fédéral Yousuf Raza Gilani pour accepter une série de revendications, faute de quoi il menaçait de faire perdre le pouvoir au PPP dans le Pendjab.

M. Gilani, dont le gouvernement fédéral était fragilisé par la défection temporaire d'un des partis de la coalition au pouvoir à Islamabad, a accepté à la fin de la semaine dernière les onze revendications du PML-N, s'engageant notamment à enquêter sur des scandales de corruption, à réduire les dépenses publiques et à créer une commission électorale indépendante.