Les violences en Irak ont coûté la vie à 3976 civils en 2010, soit le bilan annuel le moins élevé depuis 2003, selon l'ONG Iraq Body Count (IBC) qui redoute cependant la persistance dans les années à venir d'un faible niveau de violences meurtrières dans ce pays.

Ce bilan, arrêté au 25 décembre, est inférieur au chiffre que l'ONG internationale basée en Grande-Bretagne avait établi pour 2009 (4680), qui était alors le plus bas depuis l'invasion de l'Irak, et confirme une tendance à la baisse amorcée en 2008.

Ce chiffre, qui sera actualisé le 1er janvier, demeure cependant largement supérieur à celui donné par les autorités irakiennes, qui faisaient état le 1er décembre de 2416 civils tués lors des 11 premiers mois de l'année.

IBC constate en outre que la réduction annuelle du nombre de civils tués est chaque année de moins en moins importante. Il a reculé de 15% en 2010 par rapport à l'année précédente (contre 50% en 2009 et 63% en 2008).

«Toute réduction du niveau de violence est à saluer, mais le ralentissement de cette baisse indique qu'un minimum infranchissable pourrait être atteint», indique l'ONG, qui craint «la persistance dans les années à venir d'un conflit à faible échelle qui continue de tuer un nombre similaire de civils.»

Contacté par l'AFP, un conseiller du premier ministre Nouri al-Maliki a vu «un signe positif» dans la baisse du nombre de victimes civiles, tout en ajoutant qu'elle n'était pas suffisante.

«Nous avons l'ambition de faire en sorte que plus aucun civil ne meure du fait des actions terroristes», a dit Ali al-Moussawi.

De son côté, l'ambassade des États-Unis a refusé de s'exprimer sur l'exactitude du bilan d'IBC.

«Si les violences demeurent un important défi pour le nouveau gouvernement, les statistiques reflètent la capacité grandissante des forces de sécurité irakiennes à apporter stabilité et sécurité aux citoyens irakiens», a cependant déclaré à l'AFP son porte-parole, David Ranz.

Le porte-parole du ministère irakien de la Défense, Mohamed al-Askari, a mis l'amélioration de la sécurité sur le compte des coups portés à la branche irakienne d'Al-Qaïda, dont plusieurs dirigeants ont été tués en 2010.

Malgré cela, la nébuleuse islamiste a prouvé cette année encore sa capacité à frapper fort au moyen d'opérations d'envergure.

IBC souligne l'impact encore très grave en 2010 des attaques de grande ampleur (plus de 50 morts), souvent revendiquées par Al-Qaïda.

Au total, 567 civils ont péri et 1633 ont été blessés dans neuf attaques de ce genre en 2010 (contre 750 dans huit attentats en 2009), indique IBC, qui a recensé un total de 675 attentats à la bombe meurtriers pour les civils en 2010, et ce dans 13 des 18 provinces irakiennes.

Ce bilan est marqué par une division par deux du nombre de civils tués dans des actions impliquant la coalition emmenée par l'armée américaine (32 contre 64 en 2009), ce qui peut en partie s'expliquer par le fait que les Américains ont formellement achevé le 31 août leur mission de combat.

Le nombre de civils tués dans des opérations impliquant les forces irakiennes n'a en revanche que légèrement diminué (96, contre 103 en 2009).

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) indique de son côté que cette année a été particulièrement meurtrière pour la presse en Irak, où sept journalistes ont péri, contre quatre en 2009, selon un rapport publié jeudi.

Sur son site internet, IBC rappelle que son projet a été lancé en janvier 2003 par des volontaires de Grande-Bretagne et des États-Unis voulant «s'assurer que les conséquences humaines de l'intervention militaire en Irak ne seraient pas négligées».