Un projet d'amendement de la Constitution du Yémen, en discussion au Parlement, pourrait ouvrir la voie à une présidence à vie pour l'actuel chef de l'État, Ali Abdallah Saleh, a-t-on appris mercredi de source parlementaire.

Cette initiative survient alors que le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), se mobilise pour les élections législatives, que le président Saleh a convoqué pour le 27 avril malgré le risque d'un boycott de l'opposition parlementaire.

Le groupe parlementaire du CPG mène des consultations sur un projet d'amendement de la Constitution «supprimant la limitation à deux du nombre des mandats consécutifs» du président, a indiqué à l'AFP un député du parti présidentiel.

Si cet amendement est adopté par le Parlement, dominé par le CPG, M. Saleh pourrait devenir président à vie car «il pourra alors se représenter sans limite».

Au pouvoir depuis 32 ans, M. Saleh a été réélu en septembre 2006 pour un nouveau mandat de sept ans.

Le projet d'amendement devrait être soumis à un référendum, qui serait organiser simultanément avec le scrutin législatif d'avril prochain, ont indiqué à l'AFP des sources parlementaires du parti présidentiel.

Cette initiative est de nature à accentuer la tension, déjà vive au Yémen, où l'opposition conteste la tenue en avril des législatives.

Mercredi, des dizaines de partisans de l'opposition ont observé un sit-in de protestation devant le siège du Parlement à Sanaa, arborant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment: «Non à des élections truquées», «Non à la corruption» et «Oui au dialogue».

Contestant un amendement du code électoral voté le 11 décembre par le Parlement, l'opposition parlementaire avait réclamé un nouveau report du scrutin et brandi la menace d'«un soulèvement populaire».

Le mandat de l'actuel Parlement avait été prolongé de deux ans, jusqu'en avril 2011, en vertu d'un accord conclu en février 2009 entre le CPG et les partis de l'opposition parlementaire, qui avaient convenu d'engager le dialogue pour faire évoluer le Yémen vers un régime parlementaire.

Mais ce dialogue a marqué le pas: la commission formée à cet effet n'a pu se réunir qu'une seule fois.