Une interdiction de quitter l'Iran a été émise contre les leaders de l'opposition, a indiqué un important législateur conservateur samedi, augmentant la pression sur le mouvement réformiste.

Mousa Qorbani, un membre du comité judiciaire du parlement, s'est fait la voix du gouvernement pour officiellement interdire de déplacement à l'étranger les figures de l'opposition du pays.

Mir Hossein Mousavi et Mehdi Karoubi, qui avaient été défaits à l'élection présidentielle de 2009, ainsi que l'ancien président réformiste Mohammad Khatami sont visés par l'interdiction.

M. Qorbani a aussi suggéré que les partisans de la ligne dure du gouvernement faisaient pression pour poursuivre en justice les principaux leaders de l'opposition, une étape que Téhéran n'a pas encore franchie. Plusieurs militants de l'opposition ont été jugés et condamnés à de longues peines d'emprisonnement dans la foulée de la répression des manifestations liées au scrutin présidentiel de 2009.

Selon M. Qorbani, les autorités ont «reconnu» MM. Mousavi, Karoubi et Khatami comme des «mohareb», des combattants de Dieu.

M. Qorbani a spécifié qu'il était interdit aux trois hommes de quitter le pays, selon ce qu'a rapporté une télévision d'État, samedi.

Plusieurs autres leaders de l'opposition ont été jugés et condamnés après avoir été accusés d'être des «mohareb». La Garde révolutionnaire, la force militaire la plus puissante en Iran, a fait pression pour que les trois hommes soient traduits en justice. Leur emprisonnement pourrait raviver les tensions avec l'opposition.

M. Mousavi, le plus âgé des leaders, et M. Karoubi, avaient indiqué par voie de communiqué mercredi qu'ils vivaient déjà dans une «énorme prison» et qu'il leur importait peu d'être mis derrière les barreaux pour avoir défendu les droits de la nation iranienne.

Bien qu'aucune interdiction formelle de voyager n'ait été émise contre M. Kathami, on lui avait refusé, en avril, un séjour au Japon pour assister à une conférence sur les dialogues inter culturels.

Les partisans de l'opposition martèlent que M. Mousavi est le gagnant légitime de l'élection présidentielle de 2009 et que la victoire avait été attribuée à Mahmoud Ahmadinejad en raison de fraudes massives.

Des centaines de milliers de militants de l'opposition étaient descendu dans les rues au lendemain de l'élection afin de clamer leur soutient à M. Mousavi. Les manifestations pacifiques avaient été écrasées par les forces de la Garde révolutionnaire.

Selon l'opposition, plus de 80 personnes ont été tuées dans ces événements. Le gouvernement a pour sa part avancé le chiffre de 30 morts. Téhéran accuse les leaders de l'opposition d'être à la solde de l'Occident et de chercher à renverser le gouvernement à travers des manifestations populaires.