Le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, la plus haute autorité catholique romaine en Terre sainte, a exhorté à la paix dans un Moyen-Orient déchiré par les conflits, dans son homélie de Noël à Bethléem, en Cisjordanie occupée.

«Notre souhait pour cette fête est que le son des cloches de nos églises couvre le bruit des armes dans notre Moyen-Orient blessé», a déclaré Mgr Twal lors de la traditionnelle messe de minuit en l'église Sainte-Catherine, à côté de la basilique de la Nativité, le lieu de naissance du Christ.

Dans son prêche, le prélat a fait allusion au sort des chrétiens d'Irak, fuyant leur pays depuis le massacre de Bagdad fin octobre.

«Dans un monde déchiré par la violence et l'intégrisme, qui légitime les pires actions, jusqu'aux assassinats dans les églises, l'Enfant de Bethléem vient nous rappeler que le premier commandement est l'Amour. Il nous enseigne le pardon et la réconciliation, même avec nos ennemis», a souligné le patriarche.

Le 31 octobre, une attaque revendiquée par Al-Qaïda contre une église syriaque catholique de Bagdad a coûté la vie à 44 fidèles et deux prêtres, provoquant l'«exode» de plusieurs milliers de chrétiens d'Irak, selon le Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR).

On compte aujourd'hui un demi-million de chrétiens en Irak, contre 800 000 à 1,2 million en 2003.

Veillant sur les communautés catholiques romaines d'Israël, des Territoires palestiniens, de Jordanie et de Chypre, Mgr Twal, 70 ans, a exhorté au dialogue interconfessionnel et interreligieux.

«Ce dialogue est un impératif, il est la réponse à l'athéisme moderne et aux intégrismes qui menacent le Peuple de Dieu. Ainsi, le fanatisme a récemment frappé la communauté chrétienne d'Irak de façon tragique. De telles actions sont unanimement condamnées par chrétiens et musulmans», a-t-il insisté.

En conclusion, Fouad Twal a appelé à prier pour la paix: «Nous souhaitons qu'elle descende sur le peuple d'Israël comme sur le peuple de Palestine et sur tout le Moyen-Orient, afin que nos enfants puissent vivre et grandir dans un environnement serein».

Les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens sont au point mort à la suite du cuisant échec des Etats-Unis dans leur tentative d'obtenir un nouveau gel de la colonisation juive.

Le patriarche de Jérusalem a présidé la messe de Noël en présence du président palestinien Mahmoud Abbas, du Premier ministre Salam Fayyad et de consuls généraux étrangers.

Les dirigeants de l'Autorité palestinienne ont reçu durant la messe un cadeau de Noël de l'Équateur, quatrième pays latino-américain à reconnaître la Palestine comme État «libre et indépendant».

À l'extérieur de l'église, une foule bon enfant de Palestiniens et de pèlerins a suivi la messe après avoir écouté et entonné des cantiques de Noël sur la grand-place de la Crèche, illuminée de guirlandes électriques multicolores.

L'église Sainte-Catherine, où officient les moines franciscains de la Custodie de Terre sainte, était pleine à craquer de notables palestiniens et de pélerins venus d'aussi loin que de Corée du Sud.

«C'est le rêve de beaucoup de chrétiens. Un moment magique et mystérieux. Vivre la nuit de Noël à Bethléem, c'est la nuit de la communion avec le monde entier», soulignait Hervé, un Français venu avec son épouse et ses trois enfants de Lyon.

Bethléem, festonnée de drapeaux palestiniens et de bannières du Vatican, n'a pas désempli de pèlerins et touristes: la cité aura accueilli près d'1,5 million de visiteurs en 2010 et la Terre sainte plus de 3 millions, un chiffre record, selon les statistiques palestiniennes.

Mgr Twal s'est réjoui cette semaine du boom du tourisme religieux, «qui reflète la dimension universelle de Jérusalem, de Bethléem et de Nazareth».