Le premier ministre irakien désigné Nouri al-Maliki doit annoncer lundi au Parlement la composition de son nouveau gouvernement qui comptera des ministres de toutes les composantes politiques, mettant fin à neuf mois de paralysie des institutions.

«J'ai présenté à la présidence du Parlement une requête du premier ministre pour la tenue lundi d'une séance afin qu'il présente son cabinet», a affirmé samedi à l'AFP Safaeddine al-Safi, ministre d'État pour les Relations avec le Parlement et ministre du Commerce par intérim dans le cabinet sortant.

«Si M. Maliki juge que pour certains ministères les candidats présentés par les partis ne conviennent pas, il assumera la fonction par intérim jusqu'à ce que soit trouvée la personne adéquate», a-t-il ajouté, précisant que le chef du gouvernement annoncerait aussi les noms des trois vice-premiers ministres.

Concernant les deux ministères chargés de la sécurité, M. Safi a indiqué que «comme convenu» le ministère de la Défense incomberait à la liste laïque Iraqiya conduite par l'ex-premier ministre Iyad Allawi, et celui de l'Intérieur à l'Alliance nationale regroupant les partis chiites.

Selon des sources parlementaires, la Défense reviendrait à Falah al-Naqib, ministre de l'Intérieur dans le cabinet Allawi (juin 2004-avril 2005) et l'Intérieur à Adnane al-Assadi, actuel vice-ministre de l'Intérieur et proche de M. Maliki.

Désigné le 25 novembre par le président Jalal Talabani pour constituer le prochain gouvernement, M. Maliki dispose selon la Constitution de 30 jours  pour accomplir cette tâche.

Ce cabinet est attendu avec impatience par la population et les compagnies  étrangères car tous les investissements, notamment dans les services d'utilité publique, comme l'eau, l'électricité et les infrastructures, sont bloqués en l'absence de gouvernement.

Le Parlement a ouvert la voie à la formation du gouvernement en votant samedi la levée de l'exclusion de la vie politique contre trois dirigeants d'Iraqiya accusés d'avoir appartenu ou fait l'apologie du parti Baas interdit. Le vote a été obtenu par 109 voix contre 61.

Les deux députés sortants Salah al-Moutlaq et Zafer al-Ani ainsi que Jamal al-Karbouli n'avaient pu participer au scrutin de mars car leur candidature avait été barrée comme 500 autres par le Comité responsabilité et justice (CRJ), chargé de traquer les ex-baassistes.

Le premier ordre, pris par le proconsul américain Paul Bremer en mai 2003 et toujours en vigueur, a été d'interdire tout accès à la vie politique et à la fonction publique aux ex-cadres du Baas, le parti du président déchu Saddam Hussein.

Un député a lu au Parlement une déclaration des trois membres d'Iraqiya dans laquelle ils «condamnent le Baas et ses pratiques, le coup d'État du 17 juillet 1968 (l'ayant porté au pouvoir), et toutes les tortures et meurtres commis par ce parti».

Le Parlement doit également voter lundi en première lecture la création du Conseil national de la politique stratégique, une nouvelle instance avec des pouvoirs exécutifs qui sera présidée par M. Allawi.

Il s'agisait des deux conditions posées par Iraqiya, qui a obtenu un bon score aux élections à la faveur d'un soutien massif des sunnites, pour participer au gouvernement et approuver l'accord du 10 novembre sur le partage du pouvoir.

Grand rival de M. Maliki, M. Allawi a longtemps revendiqué le droit de former le gouvernement.

Les législatives du 7 mars n'ont donné à aucune liste la capacité de gouverner seule et la création du gouvernement a traîné en longueur en raison des profondes divergences entre les forces politiques.