Le Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) a dénoncé vendredi un «exode» de milliers de chrétiens d'Irak depuis le carnage perpétré le 31 octobre par un commando d'Al-Qaïda dans une église à Bagdad.

«Depuis l'attaque du 31 octobre contre une église à Bagdad et les attaques ciblées ultérieures, les communautés chrétiennes de Bagdad et de Mossoul ont entamé un lent mais régulier exode», a expliqué une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'un point presse. «Quelque 1000 familles sont arrivées au Kurdistan depuis novembre», a-t-elle poursuivi.

Elle a ajouté ne pas disposer de chiffres complets sur les déplacements de ces chrétiens mais a estimé que des «milliers» d'entre eux avaient fui leur foyer pour se réfugier dans d'autres régions d'Irak ou à l'étranger.

Le 31 octobre, veille de la Toussaint, un commando armé a attaqué la cathédrale en pleine messe, tenant tête pendant plusieurs heures aux forces de sécurité. Au total, 44 fidèles, deux prêtres et sept membres des forces de sécurité ont péri, ainsi que tous les membres du commando.

Les chrétiens d'Irak ont maintes fois été la cible d'attaques.

«Nos bureaux dans les pays voisins en Syrie, Jordanie et Liban constatent un nombre croissant de chrétiens irakiens qui arrivent et contactent le HCR pour se faire enregistrer et demander de l'aide», a souligné Mme Fleming.

«Les églises et les organisations non gouvernementales nous ont mis en garde contre l'arrivée de nouvelles personnes ces prochaines semaines», a-t-elle ajouté.

On ne compte plus aujourd'hui qu'un demi-million de chrétiens en Irak, contre 800 000 à 1,2 million en 2003.

Le HCR a par ailleurs déploré que malgré l'insécurité persistante en Irak, la Suède continue de renvoyer des réfugiés, dont des chrétiens. Selon le HCR, les autorités suédoises ont ainsi renvoyé le 15 septembre en Irak 20 réfugiés, dont 5 chrétiens.

Mme Fleming a également expliqué que le HCR avait discuté en Jordanie avec un réfugié irakien de foi chrétienne qui s'est vu expulser par la Suède où il avait demandé l'asile après avoir échappé à l'attaque du 31 octobre à Bagdad.

L'organisation onusienne a déjà mis en garde la Suède, mais également les Pays-Bas, la Norvège, la Grande-Bretagne et plusieurs pays européens contre la tentation de renvoyer des réfugiés en Irak.

«Notre position est que les demandeurs d'asile irakiens originaires des provinces de Bagdad, Diyala, Ninewa et Sal-al-Din ainsi que de Kirkouk doivent continuer à bénéficier d'une protection internationale ou du statut de réfugié», a-t-elle déclaré à la presse à Genève.

Aux yeux du HCR, les renvois ne peuvent pas avoir lieu vers ces provinces irakiennes compte tenu de l'insécurité générale et des violations des droits de l'Homme qui y ont lieu.