L'émissaire américain George Mitchell a présenté mardi au président palestinien Mahmoud Abbas les dernières «idées» de l'administration Obama pour sauver le processus de paix moribond avec Israël.

M. Mitchell, de retour dans la région pour exposer la nouvelle approche des négociations de paix annoncée par la secrétaire d'État Hillary Clinton, a rencontré M. Abbas à Ramallah (Cisjordanie) après s'être longuement entretenu la veille avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

«Comme nous nous y attendions, il y a eu de très nombreuses difficultés, des obstacles et des revers», a reconnu M. Mitchell alors que les États-Unis ont échoué à obtenir d'Israël un nouveau gel de la colonisation, réclamé par les Palestiniens pour renouer le dialogue.

«Mais nous sommes déterminés à persévérer jusqu'à ce que nous parvenions à la conclusion que nous voulons tous: un Etat indépendant et viable de Palestine vivant côte à côte en paix avec Israël», a affirmé M. Mitchell, qui a qualifié la rencontre de «longue et fructueuse».

Face à la déconfiture diplomatique américaine, Mme Clinton a proposé de reprendre des négociations «indirectes» pour sortir le processus de paix de l'impasse, exhortant les deux parties à s'attaquer «sans retard» aux questions de fond.

Toutefois, selon un responsable palestinien, le président Abbas a réclamé, dans un message transmis à Mme Clinton, «des garanties américaines et des réponses à des demandes d'explication sur toutes éventuelles négociations, directes ou indirectes».

Parmi ces garanties, figure «un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est», dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat.

«Faute d'accord sur ces références ou de reconnaissance par l'administration d'un État palestinien, il a demandé à l'administration américaine de ne pas faire obstruction à ce que les Palestiniens aillent devant le Conseil de sécurité ou l'Assemblée générale de l'ONU», a souligné ce responsable.

Le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a indiqué que «M. Mitchell nous a apporté certaines idées américaines», sans autre précision.

«Nous attendrons que le comité de suivi de la Ligue arabe en discute (mercredi) et décide, d'autant plus que la partie israélienne n'a pas encore fait connaître sa positions sur les idées américaines», a ajouté M. Abou Roudeina.

Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a précisé que les «idées» de M. Mitchell étaient identiques à celles présentées par Mme Clinton le week-end dernier, accueillies très fraîchement, par les dirigeants palestiniens.

Le président Abbas est arrivé mardi soir au Caire afin de participer mercredi à la réunion de la Ligue arabe convoquée à sa requête pour discuter du processus de paix, selon une source officielle palestinienne.

Parallèlement, M. Mitchell visitera aussi la capitale égyptienne pour y rencontrer mercredi le chef de la Ligue arabe Amr Moussa.

Face au blocage des négociations, les Palestiniens ont commencé à explorer des alternatives, en particulier en demandant la reconnaissance de leur État sur les frontières de 1967. Le Brésil et l'Argentine ont accédé à cette requête et l'Uruguay a annoncé son intention de les imiter en 2011.

Côté israélien, M. Netanyahu s'est félicité mardi de son entretien avec l'envoyé américain au cours duquel les deux hommes «ont discuté des moyens concrets de faire avancer le processus de paix et parvenir à un accord-cadre de paix entre nous et les Palestiniens».

À Gaza, le mouvement islamiste Hamas au pouvoir, qui fêtait mardi son 23e anniversaire, a mis en garde contre «un retour au labyrinthe des négociations».